RUNDGREN, Todd – With a twist
Todd Rundgren peut se targuer de faire partie des artistes les plus originaux de sa génération. Quand on évoque son nom, on pense à des tas de choses : son premier groupe Nazz dans les années 60 et sa pop garage extraordinairement bien tressée, ses premiers albums des années 70, toujours aventureux (« Runt », « Something/Anything », « A wizard, a true star », « Todd »), sa carrière de producteur éclectique et rigoureux (Grand Funk Railroad, Meatloaf, XTC), ses incursions dans le jazz rock progressif (Utopia), la paternité de sa fille Liv (qui est en fait la fille de Steven Tyler d’Aerosmith).
Todd Rundgren a traversé 45 ans de musique avec la grâce d’un gentleman du son, au génie modeste et prolifique. Sa discographie sous son nom propre se chiffre à une vingtaine d’albums et ses œuvres plus récentes n’ont rien à envier à ses classiques des seventies. Durant les années 90, Todd Rundgren a eu l’occasion de s’engouffrer dans des projets audacieux et expérimentaux, comme lorsqu’il prend le nom de TR-i et commet les albums « No world order« (1993) et « The individualist« (1995).
Il y avait déjà de quoi déstabiliser un peu l’auditorat classique de Todd Rundgren (si tant est que celui-ci n’était pas déjà habitué à sa légendaire versatilité) mais lorsque le musicien de Philadelphie arrive en 1997 avec « With a twist », il faut à nouveau tout remettre en question pour appréhender cet album. En effet, le concept de Todd sur cette galette n’est ni plus ni moins que de reprendre certaines de ses anciennes chansons avec un retraitement samba et bossa-nova. Imaginez Motörhead rejouer ses succès en mode funky. Insensé, non? Eh bien, Todd Rundgren, lui, est capable d’une telle témérité.
Pour réaliser cet album, Todd Rundgren s’installe en 1996 à Hawaii et convoque des musiciens avec qui il a l’habitude de jouer : Kasim Sulton (basse), Prairie Prince (batterie), Jess Gress (guitare) et John Ferenzik (claviers). L’équipe répète pendant une quinzaine de jours avant de migrer dans la demeure du champion de basket Kareem Abdul-Jabbar pour enregistrer. C’est ainsi que l’on retrouve sur « With a twist » quelques-uns des grands morceaux qui ont jalonné la carrière de Rundgren : « I saw the light » et « Hello it’s me » (de « Something/Anything » en 1972), « Never neverland » (de « A wizard, a true star » en 1973), « Can we still be friends » (de « Hermit of mink hollow » en 1978), « Influenza » (de « The ever popular tortured artist » en 1983), « Fidelity » (de « Nearly human » en 1989 ou « Dream goes forever » (de « Todd » en 1973).
L’idée est intéressante, le concept audacieux et le résultat est un disque de bossa-nova. Donc, rien à voir avec du rock, juste une musique de détente qui vous servira de musique de fond lors de vos prochains barbecues estivaux au bord de la piscine. Les complétistes de Todd Rundgren pourront se lancer dans l’acquisition de cet objet, qui vient d’être réédité par Esoteric Recordings.
Pays: US
Esoteric Recordings ECLEC 2302
Sortie: 2011/11/28 (réédition, original 1997)