SIGUR RÓS – Inni (CD+DVD)
Au terme de la tournée mondiale en support de l’album « Með suð í eyrum við spilum endalaust » (qui les a notamment vus faire escale à Forest National le 16 novembre 2008, en plus de Werchter et du Pukkelpop cette année-là), les Islandais de Sigur Rós ont décidé de prendre un break. On pensait d’ailleurs cette pause définitive, vu le joli succès rencontré par le premier album solo de Jónsi (« Go ») mais ils ont récemment annoncé qu’ils seraient de retour sur le circuit en 2012, avec un nouvel album et une tournée en prévision. Ce qui veut dire que l’objet que l’on tient entre nos mains, un double album live et un DVD baptisés « Inni », ne documente pas la fin d’une histoire, mais plutôt celle d’un chapitre. La nuance est importante…
Bien qu’ils se concentrent sur le même événement (l’enregistrement de deux soirées à l’Alexandra Palace de Londres à la fin de la tournée), la partie audio et la partie vidéo ont été indépendamment gérées l’une de l’autre, avec un soin tout particulier apporté à la réalisation de la seconde (on y revient). Ceux qui ont eu la chance d’assister à une prestation de Sigur Rós vont retrouver au travers du double album tout ce qui fait le charme d’un groupe unique. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser emporter dans les contrées imaginaires qui jalonnent leurs univers singulier bercé par une voix cristalline (le titre d’intro, « Svefn-g-englar », plante le décor de manière impressionnante).
Bien qu’omniprésent, l’organe vocal de Jónsi ne passe aucunement sous silence la dextérité des autres membres du groupe. Ainsi, des tonnerres de décibels succèdent à des moments de recueillement presque solennels tout au long de compositions travaillées (« Ny batterí », « Sæglópur », « Popplagið »). C’est ce que l’on pourrait appeler du post rock exécuté de manière classieuse. Et si l’on y ajoute le petit côté pop propre à leur dernier album en date (« Við spilum endalaust », « Inní mér syngur vitleysingur »), il ne faut pas être devin pour comprendre que ce témoignage présente un groupe clairement à son apogée artistique.
Mais ce qui fait surtout le charme d’un concert de Sigur Rós, ce sont les visuels. Ce n’est en effet pas tous les jours que l’on croise un chanteur déguisé en chasseur qui triture une guitare avec un archet. Raison pour laquelle il a été demandé au réalisateur canadien Vincent Morisset (dont un des faits d’arme reste le reportage « Miroir Noir » d’Arcade Fire) d’immortaliser à sa manière le double concert londonien mentionné ci-dessus. On y retrouve une petite dizaine de titres dont la prise de vue en noir et blanc a été retravaillée selon une technique de refilmage dans le but de donner un style daté à l’ensemble.
Le résultat, surprenant, donne des séquences qui ressemblent davantage à des clips inspirés de films des années 20 qu’à une captation live traditionnelle d’un concert. Mais c’est ce qui fait également toute son originalité, d’autant plus que des images d’archive ont été injectées entre les plages, apportant une dynamique complémentaire à un travail particulièrement soigné. Quatre titres en bonus (issus du même événement) filmés de manière plus classique permettent en effet de mesurer la post production impeccable apportée au documentaire. Il est heureux d’apprendre qu’« Inni » ne soit qu’une étape dans la carrière de Sigur Rós. L’inédit « Lúppulagið » qui accompagne les crédits démontre, si cela est encore nécessaire, qu’ils n’ont pas fini de nous faire rêver…
Pays: IS
Krunk KRUNK7DVD
Sortie: 2011/11/07