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MAN – Live at the Marquee – 13th May 1983 (CD+DVD)

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En 1983, après sept années d’interruption, Man remontait sur scène. Ce concert au Marquee Club de Londres et quelques autres à sa suite devaient permettre de tester l’intérêt du public et d’éventuellement relancer la machine. Enregistrée et filmée, cette prestation du 13 mai devait faire l’objet d’un album Live. Diverses péripéties malheureuses n’en permettront pas une diffusion sérieuse, ni celle d’ailleurs d’un nouvel album studio enregistré dans la foulée en Allemagne. Pourtant, la réponse du public, allemand particulièrement, était positive. Depuis, le groupe n’a jamais cessé ses activités, à un rythme moins soutenu qu’à la grande époque il est vrai.

Vingt-huit ans plus tard, Esoteric Recording remet ce concert à l’honneur sous la forme d’un petit coffret cartonné comprenant deux CDs et un DVD. Il représente la totalité du concert et est accompagné d’un livret bien instructif.

Autant le savoir, le répertoire présenté ne contenait aucune réelle nouveauté. Neuf titres provenaient de huit des neuf albums en studio du groupe, les autres de projets en solo de Micky Jones (The Flying Pigs), Deke Leonard (Iceberg) et Martin Ace principalement. Il est à noter que, pour la plupart, les compositeurs des différents titres étaient ou avaient été membres de Man.

Formé en 1968, ce groupe gallois avait connu jusqu’à sa séparation en 1976 une existence trépidante marquée par de nombreuses tournées et chahutée par l’instabilité chronique de son personnel. Seul Micky Jones ne l’avait jamais quitté. Sur ces huit années de fonctionnement, quatorze musiciens différents avaient été dénombrés, dont cinq bassistes. Plusieurs étaient partis puis revenus après une plus ou moins longue période (Deke Leonard deux fois, Martin Ace, Clive John et Phil Ryan une fois). Certains avaient changé d’instrument (Martin Ace, guitare puis basse, Clive John, claviers puis guitare). Sans rencontrer de grands triomphes discographiques, son nom était régulièrement apparu dans les charts de différents pays, souvent à un niveau intéressant. Sur scène, le succès ne s’était jamais démenti, ce que confirmait l’enregistrement de trois albums Live, « Live at the Padget Rooms, Penarth » en 1972, le fantastique « Maxiumum Darkness » en 1975 avec le guitariste John Cippolina, ex-Quicksilver Messenger Service, et « All’s Well, That Ends Well » en 1977.

Pour cette reformation, seul le batteur John Weathers (Gentle Giant) faisait office de petit nouveau. En fait, il remplaçait Terry Williams, occupé pour quelques années par Dire Straits et Mark Knopfler.

À l’écoute, l’amateur de Man ne sera pas dépaysé. Malgré les années d’interruption et le raz-de-marée Punk, le style, la trajectoire musicale et l’interprétation n’ont pas fondamentalement changé. La part du Psychédélisme typique à la West Coast américaine est restée importante, celle du Psychédélisme européen, moindre, rejoint plutôt le Space-Rock. Le Rock et le Blues-Rock anglais complètent l’ensemble.

Les guitares sont toujours largement dominantes et leur complémentarité stupéfiante. Elles travaillent autant en solo qu’en rythmique, parfois ensemble dans les deux rôles. Même lorsqu’elles se chevauchent, elles gardent leurs couleurs distinctives. Les solos sont nombreux, bien tournés et un brin plus court qu’à une époque. La guitare est couramment utilisée en slide par l’un ou l’autre. L’autre force du groupe réside dans la qualité du chant. Chaque instrumentiste y participe intensivement. Excepté le batteur, tous interprètent l’un ou l’autre titre en leader. Si, prise individuellement, aucune voix n’impressionne vraiment, toutes collent idéalement à la musique, particulièrement celle de Mick Jones, caractéristique, légèrement éraillée et forcée. En prime, les harmonies vocales sont toujours réussies, parfois sublimes. Basse et batterie soutiennent avec art et efficacité.

Au niveau du répertoire choisi, la prise de risque est minimale. La plupart des titres ont déjà fait leurs preuves par le passé. Parmi les plus mémorables, il faut citer le surprenant « The Ride and the View », joué en slide, de la même lignée que « Faith Healer » d’Alex Harvey ; « Spunk Rock », progressif, psychédélique et saccadé ; les hymnes à la West Coast que sont « C’Mon », « Bananas », « Many Are Called, But Few Get Up » et surtout le fantastique « Kerosene », digne de Stephen Stills, Crosby, Stills & Nash et Grateful Dead.

Même à partir d’une composition banale comme « Even Visionaries Go Blind », le groupe parvient à construire un petit bijou grâce au jeu des guitaristes et aux harmonies vocales. Parmi les particularités, « What a Night » et « A Hard Way to Love » sont de véritables pièces de Rock & Roll.

Le DVD reproduit l’ambiance du concert sans effets ni manières. On profite ainsi du changement de vêtements de Martin Ace entre deux titres, des quelques gueulards de plus en plus éthylisés, et de l’abruti de service, fier d’exhiber sur scène son large thorax et son puissant abdomen ; tout cela sans jamais perturber un groupe qui en a sûrement vu d’autres, sur les Îles particulièrement. Quant au son, il demeure toujours d’un bon niveau.

En conclusion, un coffret que les amateurs de Man, de la musique Rock des années septante et des guitares flamboyantes se devront de posséder.

CD 1 (46’58) :

  1. Spunk Rock (Jones/John)(9’20)
  2. What a Night (Leonard)(3’20)
  3. Even Visionaries Go Blind (Ace/Durden)(4’20)
  4. C’Mon (Jones/Ryan/Williams/John)(7’45)
  5. Talk about a Morning (Linhart)(7’53)
  6. Kerosene (Jones/Leonard/Morely/Whaley/Williams)(4’38)
  7. Back Together Again (Jones)(4’18)
  8. Hard Way to Die (Jones/Leonard/Whaley/Williams)(5’24)

CD 2 (41’00) :

  1. Back into the Future (Jones/Ryan/Williams)(3’44)
  2. The Ride and the View (Leonard)(5’10)
  3. Asylum (Jones)(5’14)
  4. Romain (Ace/Leonard/Jones)(5’04)
  5. A Hard Way to Live (Leonard)(3’00)
  6. Many Are Called, But Few Get Up (Ace/John/Jones/Leonard/Williams)(9’54)
  7. Bananas (Jones/Ryan/Williams/John)(8’54)

Le DVD reprend tous ces titres dans le même ordre.

Origine des neuf titres du groupe :

  • « 2 Ozs. of Plastic with a Hole in the Middle » (1969) : 1.1
  • « Man » (1970) : 2.4
  • « Do You Like It Here, Are You Settling In ? » (1971) : 2.6
  • « Be Good to Yourself at Least Once a Day » (1972) : 1.4, 2.7
  • « Back into the Future » (1973) : 2.1
  • « Rhinos, Winos and Lunatics » (1975) : 1.6
  • « Slow Motion » (1975) : 1.8
  • « The Welsh Connection » (1976) : 2.2

Le groupe :

  • Micky Jones : Guitare & Chant
  • Deke Leonard : Guitare & Chant
  • Martin Ace : Basse & Chant
  • John Weathers : Batterie & Chant

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 322298
Sortie: 2011/10/31

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