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BRUCE, Jack BAND – Live ’75

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Jack Bruce n’est pas une institution du rock anglais pour rien. Né en 1943 à Glasgow, Jack Bruce a juste le bon âge pour embrasser les mythiques années 60 dans toute leur splendeur. Bassiste incroyablement doué, chanteur puissant et mélodique, Bruce fait ses débuts dans le jazz et le blues, dans des écuries menées par de prestigieux entraîneurs. C’est d’abord Alexis Korner, le père du blues anglais, puis Graham Bond, boulimique adorateur de R’n’B qui engage aussi dans son groupe un batteur époustouflant du nom de Ginger Baker. Bruce et Baker tirent les marrons blues du feu et les reprennent à leur compte en créant Cream avec le non moins légendaire Eric Clapton. Nous sommes alors en 1966 et le heavy blues psychédélique est né, le hard rock n’étant plus très loin.

Cream connaît la gloire que l’on sait mais chavire en 1968, miné par des conflits d’égo. Jack Bruce ressort de cette expérience avec à ses côtés son fidèle compagnon parolier Pete Brown, poète et musicien et parallèlement leader de l’excellent Pete Brown’s Piblokto, quand ce n’est pas les Battered Ornaments. Le temps est venu pour Bruce de commencer une carrière solo qui va se développer au début des années 70 avec les albums « Song for a tailor » (1969), « Things we like » (1970) et « Harmony row » (1971). Jazz-rock, progressif et rock élaboré sont au menu de ces albums intéressants, qui méritent aujourd’hui une redécouverte. Après un passage dans la formation jazz fusion de l’américain Tony Williams, Jack Bruce s’embarque dans une nouvelle aventure heavy rock avec les bûcherons Leslie West et Corky Laing, qui viennent de laisser leur groupe Mountain pour former le bien nommé West, Bruce & Laing. Le trio opère pendant 16 mois entre février 1972 et juin 1973 et a le temps de lâcher deux albums (le fabuleux « Why dontcha » et l’honnête « Whatever turns you on ») et un live (« Live and kicking »). Bruce ressort usé de cette expérience intense et inondée de substances illicites.

Il forme ainsi le Jack Bruce Band à l’occasion de la sortie de son nouvel album solo « Out of the storm » en 1974. Le groupe comprend Mick Taylor à la guitare (qui vient de quitter les Rolling Stones), Carla Bley et Ronnie Leahy aux claviers, Bruce Gary à la batterie. Une tournée anglaise de promotion est organisée au printemps 1975, mais elle ne permet pas au groupe de survivre longtemps. Là où les choses deviennent excitantes, c’est que plus de 35 ans après les faits, les archéologues du label Esoteric Recordings, qui cherchaient à restaurer les enregistrements de la carrière solo de Jack Bruce, mettent la main sur de vieilles bandes live qui traînaient sur une étagère. Jack Bruce est consulté au sujet de ces bandes et devant leur incroyable qualité sonore, autorise une remastérisation et une commercialisation.

C’est ainsi que ce concert oublié de Manchester le 1er juin 1975 devient le meilleur témoignage live de la carrière solo de Jack Bruce telle qu’elle se présentait au milieu des années 70. Le quintette interprète des morceaux en provenance de « Out of the storm » (« Pieces of mind », « Keep it down ») mais aussi de « Harmony row » (« Can you follow », « Post war », « Morning story », « Smiles and grins ») et « Song for a tailor » (« Tickets to Water Falls », « Weird of Hermiston »). Ces titres font l’objet de longues versions pour certains d’entre eux et les morceaux de « Song for a tailor » frôlent les 25 minutes. Autant dire que les musiciens s’en donnent à cœur joie et se livrent à des improvisations rock, jazz et progressives tout à fait impressionnantes. Mais il y a mieux, avec un second CD qui renferme trois morceaux qui font respectivement 17, 25 et 12 minutes, soit une suite ininterrompue d’acrobaties jazzy et progressives semées de couloirs d’improvisations par lesquels Jack Bruce et son équipe sortent avec brio. Bien sûr qui dit Jack Bruce dit Cream et qui dit Cream dit « Sunshine of you love ». Ici, la version de ce légendaire morceau qui clôt le concert n’est ni plus ni moins qu’ahurissante. La grosse basse de Bruce tonne sur un lit de claviers ondulants et la guitare vient corseter le tout avec un tissage de lignes rythmiques imparables signées Mick Taylor.

Il n’est pas nécessaire de continuer à tresser des lauriers plus longtemps à ce formidable album, les amateurs de Jack Bruce, de Cream ou tout simplement d’excellente musique Seventies sauront ce qui leur reste à faire.

Pays: GB
Esoteric recordings ECLEC 22300
Sortie: 2011/10/31 (réédition, original 2003)

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