NDEGEOCELLO, Meshell – Weather

Meshell Ndegeocello a un nom particulièrement imprononçable ; on se souvient d’elle comme étant une des premières artistes à signer sur le label de Madonna Maverick, en 1993, avec des débuts électriques entre hip-hop, funk et rock. Plus récemment, elle s’est orientée vers la production, notamment de Selah Sue. On pourrait la soupçonner que son ego soit affecté après avoir côtoyé tant de grands noms de la musique. Sa prestation scénique à l’occasion d’une Nuit du Botanique très lointaine m’avait également agacé, ses musiciens ayant passé un temps interminable à régler la balance.

Les premières notes de « Weather » nous transportent dans un univers très personnel, qui tend à s’écarter de toute catégorisation : on a l’impression d’entendre un Prince féminin au ralenti, car la chanteuse a une capacité créative qui fait surface à chaque chanson. Les morceaux sont a priori calmes et en équilibre mais les couleurs varient ; un vrai talent de musicienne qui prend le temps de travailler ses titres à la manière d’un artisan. Chez Meshell, le calme ne rime pas avec ennui comme chez nombreuses de ses consoeurs. « Rapid Fire » est remarquable, la voix grave donnant au morceau des accents oniriques renforcés par des touches ambient et électros, à la Brian Eno. La reprise de « Chelsea Hotel », un titre de Leonard Cohen, atteint la dimension poétique de l’original.

Les slaps de basse dans l’intro de « Not for me » nous fait revenir en univers funk, mais un funk dilaté dans le cosmos. Les rythmes étouffés qui ouvrent « Crazy and Wild » nous introduisent à cette balade au piano qui glisse vers des notes classiques. À l’heure où l’on s’extasie devant la moindre artiste féminine capable de faire quelques notes banales sur un piano, ce disque de Meshell Ndegeocello fait un bien fou, en remettant les pendules à l’heure. Un album très classe, d’une richesse insondable. En bref, « Weather » est un disque pour toutes les saisons.

Pays: US
Naive/PIAS 2011
Sortie: 2011/11/08