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WATTS, John – Fischer-Z

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Qui se souvient encore de Fischer-Z ? Ce groupe anglais créé en 1976 arrivait à l’extrême fin des années 70 pour assister à l’enterrement de tous les genres musicaux qui l’avaient inspiré : le punk, le pub rock. Mais Fischer-Z sut rebondir intelligemment sur un mélange réussi de new wave bien électrique et de reggae, parvenant pendant les années 1979-1981 à accumuler quelques hits dans les charts. L’un des premiers d’entre eux, « The worker » (1979), racontait la triste vie ouvrière du père de John Watts, fondateur de Fischer-Z avec Steve Skolnik. Le groupe allait ensuite enchaîner trois albums assez remarqués à l’époque : « Word salad » (1979), « Going deaf for a living » (1980) et « Red skies over paradise » (1981). Chacun de ces albums comprenait ce qu’il faut de bons morceaux pour aller garnir les hits-parades, surtout en Australie, aux Pays-Bas et au Portugal.

C’est ainsi que la chanson « Marliese » est numéro un au Portugal en 1981 et que « So long » arrive 12e aux Pays-Bas et 15e en Australie en 1980. Par contre, en Grande-Bretagne, le succès reste mesuré et Fischer-Z est connu sans pour autant être adulé. Et surtout, les portes du marché américain restent définitivement closes, ce qui est toujours un danger pour les groupes anglais, condamnés à glaner la gloire et la fortune sur des marchés de dimension plus modeste.

À l’époque des années 80, Fischer-Z structurait son style autour de la new wave et du reggae, racontant de pertinentes histoires politiques et sociales, augmentées d’une inspiration de John Watts héritée de ses études dans le milieu psychiatrique. Puis John Watts s’est senti enfermé dans son groupe et a préféré le dissoudre en 1982 pour retrouver d’autres perspectives musicales. Watts reformera Fischer-Z en 1987, avec des musiciens entièrement nouveaux. Le groupe perdure ainsi jusqu’en 2004, avec une demi-douzaine d’albums supplémentaires à son actif, souvent appréciés de la critique mais peu goûtés du public.

Après la séparation définitive de Fischer-Z, John Watts a décidé de sortir quelques-unes des chansons des débuts sous forme de nouveaux enregistrements. C’est l’objet de ce « Fischer-Z » qui constitue à la fois un bilan des meilleurs morceaux des années 1979-81, une réinterprétation souhaitée par John Watts et une introduction pertinente à l’œuvre de Fischer-Z pour ceux qui ne connaissaient pas. À l’écoute de « Pretty paracetamol », « The worker », « Lies », « Room service », « So long » ou « Marliese », on constate que les mélodies écrites par John Watts à l’époque ont bien passé l’épreuve du temps. John Watts a donné un regain d’électricité à ses anciennes chansons et leur confère un aspect résolument moderne. Certains des textes sont davantage datés, surtout ceux qui parlent du Berlin de la guerre froide (« Red skies over paradise », « Berlin »). Mais il y a aussi des paroles qui n’ont rien perdu de leur actualité (la maladie mentale dans « Lies », la guerre dans « Battalions of strangers » ou l’Angleterre sociale dans « In England »). Il y a même des textes prophétiques avec « Room service », histoire de femme de chambre consentante dans l’hôtel Hilton de Munich et qui n’aurait pas déplu à un certain homme politique français encore président du FMI il y a peu. Le passé punk ressort pleinement sur « The crank » et John Watts a même exhumé un inédit qui n’était jamais sorti nulle part et qui est le seul morceau non réenregistré de l’album : « Dark crowds of Englishmen », évocation de la grande grève des mineurs anglais de 1983.

Il n’y a donc aucune crainte à avoir lorsqu’on pénètre dans ces nouvelles versions, qui révèlent le passé d’un groupe qui fut plus qu’intéressant et qui démontrent que l’ancien leader John Watts a toujours des tripes au corps.

Pays: GB
John Watts Productions JWFZ11
Sortie: 2011/10/28

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