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PIANO CHAT – Ours molaire

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En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées. Et parfois, on n’a pas assez de musiciens alors ce n’est pas grave, on fonde quand même un groupe tout seul en faisant croire qu’il y a des dizaines de types dedans. C’est la démarche qu’a adoptée Marceau Boré, un natif de Tours assoiffé d’aventures et d’expérimentations sonores. Il fonde d’abord un groupe appelé Ladybird Lala Band, que la presse spécialisée (c’est-à-dire le fanzine du coin) considère comme l’Arcade Fire français. Même cette étiquette n’est pas suffisante pour attirer le public et le premier groupe de Marceau Boré termine lamentablement dans les gouffres insondables de l’oubli.

Ne trouvant personne pour l’accompagner dans ses délires musicaux, Marceau Boré fonde Piano Chat en 2008 et part à la conquête du monde, qui commence par les petits clubs miteux de son quartier. On peut le voir seul sur scène ou allongé parmi la foule, plaçant dans les oreilles une musique bricolée, un rien fumiste et anti-commerciale. Entre électro psychotique, rock décalé artisanal et psychédélisme d’occasion, Marceau Boré développe un monde bien à lui, écorché, solitaire, cafardeux et je-m’en-foutiste. En matière d’indie noise, ce mec est une vraie sortie de secours pour tous ceux qui ne voient en Phoenix qu’une bande de requins de dance floors bons à faire du fric avec une musique sans intérêt.

Marceau Boré multiplie les astuces pour donner du coffre à sa bande de jeunes à lui tout seul. Il joue de tous les instruments (à la base, une guitare et un bout de batterie pas encore complètement payée) et accumule les couches de chant de façon à obtenir des chœurs qui feraient pâlir d’envie ceux de l’Armée Rouge. Le Phil Spector du truc rafistolé avec deux bouts de ficelle, c’est lui.

Pour réaliser son premier EP « Ours molaire » (jeu de mots tellement mauvais qu’il en est génial), Marceau Boré a rencontré un autre génie du dimanche, Jey Vassereau qui officie à la guitare dans l’extraordinaire groupe Pneu. C’est lui qui produit ces sept chansons maigrichonnes et fiévreuses, hantées par un romantisme électrique et rebelle. Pour appréhender le style, il faudrait imaginer une rencontre entre Arcade Fire et Sonic Youth, mais avec un seul musicien de ces deux groupes pour résumer à lui seul la quintessence de leur œuvre. On est donc confronté ici à de l’aventureux, un rien inclassable mais tout à fait délicieux quand il s’agit de plonger dans de la bizarrerie sympathique et inventive.

Pays: FR
Kythibong KTB24
Sortie: 2011/10/15

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