BLACK BOX REVELATION – My Perception

Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que Black Box Revelation n’est pas le genre de groupe à se reposer sur ses lauriers. Après avoir conquis le marché national avec leur incendiaire « Set Your Head On Fire » (2007) et confirmé tout le bien que l’on pensait d’eux au travers du puissant « Silver Threats » (2010), le chanteur guitariste Jan Paternoster et le batteur Dries Van Dijck reviennent déjà sur le devant de la scène avec un troisième opus, « My Perception ». Forts d’une réputation enviable qui dépasse largement les frontières belges, ils sont toutefois loin d’être à court d’ambition. En effet, ils cultivent désormais le rêve un peu fou de s’imposer aux States.

Ils ont en tout cas mis toutes les chances de leur côté en confiant à Alain Johannes (collaborateur actif de Queens Of The Stone Age et des différents projets dérivés de Josh Homme) le soin de peaufiner le travail d’enregistrement et de production dans son propre studio de Los Angeles. Une collaboration non seulement respectueuse (tant les deux parties se trouvaient sur la même longueur d’ondes) mais surtout propice à la composition (la majorité des plages ont été écrites et arrangées sur place).

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer de prime abord, on se retrouve en présence d’un album moins brut et direct que par le passé. Entendez que l’énergie débordante façon rock garage sans concession qui était leur marque de fabrique jusqu’ici a laissé la place à un style tout aussi sixties mais plus bluesy, si l’on excepte la plage d’intro, « Madhouse », dont les sonorités rappellent les Stooges des débuts. Plus travaillé aussi, comme le démontrent « My Perception » et « Rattle My Heart » (à l’inspiration puisée dans la période dorée des Rolling Stones). De plus, les atmosphères vintage qui se dégagent de ces titres mettent en avant une imperfection sonore volontaire du meilleur effet, directement sortie de la table de mixage du producteur.

Ceci dit, on est loin de se retrouver dans un pastiche revival blues du milieu des golden sixties. Prenez par exemple « Bitter » (au refrain entre réalisme et désolation : « my heart tastes bitter without yours ») et « Skin », subtil mélange de sons modernes tout en conservant un cachet daté. Avec l’excellent « White Unicorns » au final prenant à souhait, on arrive au terme d’une moitié de plaque tout à fait époustouflante de maîtrise et de maturité.

La seconde partie, moins évidente à cerner (mais tout aussi intéressante), va autant mettre en avant la patte d’Alain Johannes (le très Them Crooked Vultures « Shadowman ») que laisser au talentueux duo la possibilité d’explorer des contrées plus sombres aux arrangements moins conventionnels (le très long « Sealed With Thorns », le sinistre « 2 Young Boys »), avec la même réussite. Grâce à « My Perception », Black Box Revelation se positionne sans doute définitivement comme l’un des groupes les plus talentueux du royaume. Quant à leur rêve américain, il n’est peut-être pas si utopique que cela…

Pays: BE
PIAS PIASB280CD
Sortie: 2011/10/03