WILCO – The Whole Love
À coups de patience et de persévérance, Wilco est devenu au fil des ans un groupe incontournable du paysage indie rock US. Les natifs de Chicago emmenés par Jeff Tweedy (le seul membre fondateur restant avec le bassiste John Stirratt) ont en effet enregistré des albums marquants qui ont fini par toucher le (grand) public et plus seulement les critiques musicaux qui s’extasiaient pourtant sur leur travail depuis le milieu des 90’s. Après avoir publié et tourné l’excellent « Wilco (The Album)« en 2009, le groupe s’est octroyé un break salvateur qui a permis à son leader de prendre un peu de recul et de se concentrer sur la production de « You Are Not Alone », l’album de la diva du gospel Mavis Staples en 2010, récompensé par un Grammy award. Inutile de préciser qu’il était gonflé à bloc au moment d’entamer les enregistrements de « The Whole Love », le huitième album de Wilco et le premier à sortir sur leur propre label, dBpm (decibels per minute) Records.
À l’écoute de l’intro du très long et presque expérimental « Art Of Almost », on ne peut s’empêcher de penser à la mutation brusque et inattendue de Radiohead qui avait pris tout le monde par surprise en 2000 à la sortie de « Kid A ». Mais lorsque la voix du leader se fait entendre, on retrouve la chaleur qui caractérise généralement les compositions de Wilco. Encore que les discrets bidouillages électroniques couplés aux guitares nerveuses qui ponctuent le titre indiquent clairement une volonté de ne pas stagner. Ce parallèle avec le groupe de Thom Yorke se fait également entendre sur « Black Moon », mais de manière plus subtile (période « In Rainbows »). Ceci dit, soyons clairs, l’identité musicale du groupe de Jeff Tweedy n’est pas mise à mal, comme le soulignent « I Might » ou la délicieuse comptine « Sunloathe », dont l’essence est à chercher du côté des sixties.
C’est d’ailleurs cette facette sobre et intense qui coule le mieux à l’oreille, entre la sensibilité de Mercury Rev et l’émotion de Flaming Lips sans les délires (ils pourraient d’ailleurs demander à Dave Fridmann de produire leur prochain album). À titre d’exemple, « Born Alone » et « Open Mind » font déjà figure de futurs classiques. Bien que certains titres (« Capitol City », « Rising Red Lung ») n’atteignent pas toujours le label de qualité habituel, on soulignera néanmoins le très rock « Standing O » et surtout « One Sunday Morning », l’ambitieuse composition de douze minutes qui clôture la plaque de magistrale manière. Après huit albums, Wilco semble encore loin d’avoir tiré ses dernières cartouches.
Pays: US
dBpm Records
Sortie: 2011/09/26