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WO FAT – Noche del Chupacabra

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Affichant trois albums au compteur (« The Gathering Dark » en 2007, « Psychedelonaut » en 2009 et « Noche del Chupacabra » en 2011) et ne bénéficiant pratiquement d’aucune exposition médiatique en nos contrées, Wo Fat semble être le secret plombé le mieux gardé du sud des États-Unis. Il est plus que temps de faire éclater l’affaire au grand jour.

Texan dans l’âme, le trio ne cache pas une admiration sans bornes pour la musique de ZZ Top ; même si c’est probablement plus chez les Anglais de Black Sabbath qu’il puise l’inspiration nécessaire à créer les structures pachydermiques de ses riffs. Kent Stump (guitare, chant), Tim Wilson (basse) et Michael Walter (batterie) citent aussi volontiers, parmi leurs nombreuses influences, le Captain Beyond de Rod Evans (NDR : qui fut, on s’en souvient, le premier chanteur de Deep Purple), l’immense Leslie West et son Mountain, les maîtres incontestés du blues que sont John Lee Hooker et Howling Wolf ainsi que quelques formations lourdingues plus contemporaines telles que Sleep, Corrosion Of Conformity, Fu Manchu et Kyuss.

L’artwork illustrant le digipack ne laisse que très peu d’incertitudes quant au menu qui nous sera servi dès que nous poserons « Noche del Chupacabra » dans le tiroir de notre platine laser. Sur la face avant, la porte ouverte d’une cabane plantée au milieu d’un marais lugubre laisse filtrer une étrange lumière. La face arrière dévoile l’intérieur de la bicoque où une jeune fille à la peau sombre, vêtue d’une tunique légère, les yeux révulsés est affalée dans un fauteuil à bascule. À ses côtés, une paire de mains monstrueuses (NDR : probablement celles du ‘Chupacabra’ ou ‘suceur de chèvres’, cette créature du folklore populaire sud-américain qui se nourrit la nuit du sang des animaux domestiques) s’extirpe d’un coffre d’où rayonne une étrange lumière. Pas de doute, nous allons ingurgiter du lourd de chez lourd, mitonné au blues de Louisiane au goût relevé à l’aide d’une bonne quantité de sauce vaudou.

« Bayou Juju » ouvre le rituel sur un rythme groovy, presque dansant, qui n’est pas loin de rappeler les ambiances jouissives concoctées par les rockers graisseux de Clutch. L’atmosphère s’épaissit ensuite, jusqu’à devenir étouffante, lors d’une « Descent Into The Maelstrom » on-ne-peut-plus down-tempo. Difficile de faire plus gras que le son de Ken Stump. Le six-cordiste, qui semble vouloir engraisser les décibels vomis par sa guitare à la manière des éleveurs avicoles du sud-ouest de la France, gave ses riffs d’épaisses goulées de fuzz et de wah-wah, n’évitant que d’extrême justesse la saturation sonore. L’influence des grands jam bands texans, comme le Allman Brothers Band par exemple, est palpable sur les longs passages instrumentaux. C’est sans doute sur « Common Ground » que les racines rock sudiste du groupe sont les plus marquées. ZZ Top donne ici bien du fil à retordre à un Black Sabbath en retrait. Rappel à l’ordre le temps d’un « Phantasmagoria » sludgy à souhait dans lequel le riff boueux et psychédélique rappelle à ceux qui l’auraient oublié que le Texas et la Louisiane sont des états voisins. En apothéose finale, l’instrumental « Noche Del Chupacabra » décline quinze minutes de rythmes lancinants, de riffs tranchants et d’improvisations solo. D’envoûtantes percussions tribales se greffent sur une batterie hypnotique pour ajouter encore à l’ambiance putride des marécages et aux odeurs nauséabondes de la magie noire.

Lourd, envoûtant, effrayant, superbe.

Liste des morceaux (45’49) :

  1. Bayou Juju (7’26)
  2. Descent Into The Maelstrom (8’20)
  3. Common Ground (6’41)
  4. Phantasmagoria (7’49)
  5. Noche Del Chupacabra (15’05)

Le groupe :

  • Kent Stump : Guitare, Chant
  • Tim Wilson : Basse
  • Michael Walter : Batterie

Pays: US
Nasoni Records nasoni-104-2-cd
Sortie: 2011

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