MASTODON – The hunter
À tous ceux qui se posent la question de savoir quel sera le prochain grand groupe de métal pour les années qui viennent, nous nous permettrons de leur souffler le nom de Mastodon à l’oreille afin d’enrichir leur réflexion. En une dizaine d’années, Mastodon est en effet passé du statut de groupe culte dans le sous-genre sludge metal à celui de force prééminente dans le domaine du métal progressif associant des éléments de postcore, de math rock ou de stoner doomisant. Depuis leur EP « Lifeblood » (1999) ou leur premier album « Remission » (2002), les musiciens de Mastodon n’ont cessé d’évoluer et sont passés d’un sludge metal complexe et nerveux à ce que l’on pourrait tout simplement appeler du heavy metal moderne.
Le dernier album du groupe, « The hunter », est bien là pour le prouver. Troy Sanders (chant et basse), Brent Hinds (guitare), Bill Kelliher (guitare) et Brann Dailor (batterie) sont parvenus ici à la fois à une osmose de toutes les idées développées au cours des précédents albums et à une progression vers de nouveaux concepts qui pourraient bien faire de « The hunter » le meilleur album du groupe à ce jour. C’est là qu’on voit que ce quatuor soudé depuis une quinzaine d’années est arrivé à une superbe maturité en termes d’écriture. Avec le producteur Mike Elizondo, Mastodon a mis sur les rails un album majestueux, affiné par rapport à ses prédécesseurs, incandescent et intense, porté par une sensibilité à fleur de peau et une instrumentation hors du commun.
Premier changement notable : les voix. Plus claires, éloignées des gorges jusque-là arrachées par des hurlements rugueux, elles mettent davantage en avant les qualités de Troy Sanders, qui impressionne toujours mais dans des structures différentes. Autre nouveauté, la capacité qu’a eue le groupe de fusionner de la brutalité purement mastodonienne (« Curl of the burl », « Spectrelight », « Dry bone valley ») avec des passages plus recueillis (« Stargasm », « The hunter », sans doute l’un des plus beaux morceaux de l’album, « The sparrow », encore un truc qui prend à la gorge). Notons également la présence de Scott Kelly, vocaliste du mythique groupe Neurosis qui intervient sur « Spectrelight », une charge de bourreaux turco-mongols qui rappelle la première époque de Mastodon, quand il découpait à la hache d’abord et discutait après. Également, on remarque que les morceaux sont plus courts, moins étirés (quatre minutes trente en moyenne), ce qui aboutit à des chansons allant droit au but. Il y a par contre des choses qui ne changent pas et c’est tant mieux : l’association sidérurgique totale des guitares de Brent Hinds et Bill Kelliher, à laquelle s’ajoute le drumming cyclopéen de Brann Dailor, qui a dû entretemps se faire greffer deux ou trois bras de plus.
« The hunter » est l’album crucial de la carrière de Mastodon. Il est susceptible de décevoir les fans de la première heure mais j’espère pour ces derniers qu’ils auront assez de neurones pour comprendre qu’on est ici passé à la vitesse supérieure. L’album est également susceptible de rameuter de nouveaux auditeurs dans le giron de Mastodon, qui vient ici définitivement expliquer ce qu’est un grand album de métal et donner des conseils pour savoir se renouveler dans le genre.
Pays: US
Roadrunner RR-7675-2
Sortie: 2011/09/26
en phase avec la chronique , the hunter risque de mettre tout le monde d’accord pour le titre d’album metal de l’année 2011