MACHINE HEAD – Unto the locust
L’année prochaine, Machine Head aura vingt ans d’existence. Vingt ans, pour un groupe de métal, c’est un peu la consécration absolue, la preuve que ses membres ont survécu à tous les excès, se sont remis de tous les échecs, ont su se prolonger malgré les vicissitudes du temps et ont toujours remis sur le métier leur ouvrage patiemment développé jusqu’à l’obtention de la sublime maturité. Machine Head a réussi tout cela et, avec son nouvel album « Unto the locust », a encore fait un pas de plus dans la cour du Panthéon des grands groupes de métal.
La bande à Robb Flynn n’a jamais fait dans la fine plaisanterie en matière de métal lourd. Son premier album « Burn my eyes » de 1994 a fait entrer ce groupe d’Oakland dans les premiers rangs de l’invasion néo-métal qui venait de s’inviter bruyamment à la table du heavy. Extrêmement puissant et brutal, tout en gardant un certain contact avec des mélodies tranchantes, Machine Head se plaçait en légitime prétendant au trône qui tue, sur le même pied que Pantera, Deftones ou Korn. Les années passant, Robb Flynn et ses hommes ont connu leur quota de grands (les albums « Burn my eyes » en 1994, « The more things change » en 1997) et de petits moments (« The burning red » en 1999, « Supercharged » en 2001). Au moment où l’on disait Machine Head en perdition, Robb Flynn a repris toutes les cartes en main et reconquis le terrain mètre par mètre. Première étape, enfoncer un coin dans le dispositif avec le formidable album « Through the ashes of empires » en 2003. À l’époque, tout le monde loue Robb Fynn et ses hommes qui effectuent un retour fulgurant sur le devant de la scène avec un disque puissant et racé, débordant d’idées mélodiques et de riffs monstrueux.
Ce retour aurait pu être un coup sans lendemain, mais Machine Head a commis l’exploit de faire encore plus doué que « Through the ashes of empires » avec son chef-d’œuvre « The blackening » en 2007. Ceux qui à l’époque se posaient la question de savoir comment Machine Head allait pouvoir faire mieux que « Through the ashes of empires » ont été rassurés avec « The Blackening » mais s’ils se posaient encore la question de savoir comment « The blackening » allait pouvoir être surpassé par l’album suivant, ils vont pouvoir à nouveau dormir sur leurs deux oreilles avec « Unto the locust ». Eh oui, Machine Head nous épate encore en plaçant entre nos deux yeux un troisième chef-d’œuvre d’affilée. C’est tout simplement phénoménal. Rob Flynn (chant et guitare), Dave McClain (batterie), Adam Dike (basse) et Phil Demmel (guitare) sont plus que jamais au sommet de leur forme et on se demande bien s’ils pourront encore faire mieux la prochaine fois. Réponse dans quatre ans, puisque c’est le temps qui semble nécessaire au groupe pour commettre d’aussi formidables albums.
D’entrée de jeu, Machine Head ouvre les hostilités avec un « I am hell » de plus de huit minutes qui se partage en trois volets. Puissance maximum, violence ultime, brutalité chaudronnière : le groupe affiche la grande forme. L’avalanche de sons énormes se poursuit avec « Be still and know », qui abat des riffs forcenés et impitoyables, affinés par quelques aérations mélodiques où souffle un petit vent digne d’Iron Maiden. Rage et mélodie président également à l’excellent « Locust », partage maudit entre riffs colossaux et harmonies vocales doucereuses. Machine Head n’hésite pas à allonger les morceaux pour en dégager toute la dose nécessaire de furie métallique et de mélodie. On obtient ainsi des titres quelque peu progressifs qui s’étendent sur de longues minutes (« This Is the end », « Darkness within », « Pearls before the swine », « Who we are »). En particulier, « Who we are » commence et se termine avec des chœurs d’enfants qui ne sont autres que les propres enfants de Robb Flynn et Phil Demmel. Entre les deux, le groupe nous sert encore un morceau hargneux et emporté dont il a le secret.
Sept titres, cela semble court, mais il faut remarquer qu’aucun d’entre eux ne descend en dessous de six minutes. Mais pour ceux qui seraient restés sur leur faim, signalons une édition augmentée de l’album, avec une reprise du « The sentinel » de Judas Priest et une de « Witch hunt » de Rush, des groupes qui ont bien évidemment influencé Machine Head. Mais ce n’est pas tout : un DVD supplémentaire retraçant le making of de l’album achèvera de satisfaire la curiosité de tous ceux qui vouent un culte à Machine Head.
Les patrons sont de retour et il va falloir baisser la tête lorsque le souffle de leur métal va venir frapper nos terres. Machine Head viendra régler ses comptes avec le bruit le 29 novembre prochain au Forest National de Bruxelles. Accrochez-vous !
Pays: US
Roadrunner RR-7702-5
Sortie: 2011/09/26