DREAM THEATER – A Dramatic Turn Of Events

Depuis « Silver Clouds & Silver Linings », beaucoup de choses ont changé. Le départ d’un des membres fondateurs du groupe, le batteur Mike Portnoy, les a profondément secoués. Peut-être faut-il chercher là quelques indications quant au design de ce nouvel opus : un équilibriste sur une corde effilochée, des assiettes tournoyant au bout d’une baguette, etc., sans oublier le titre lui-même. L’équilibriste se retrouve aussi dans le superbe livret réalisé par Hugh Syme, et sur le DVD bonus qui nous permet de vivre les trois jours d’auditions que Dream Theater a consacré à la sélection de son nouveau batteur. Le documentaire d’une heure, introduit par une courte interview du groupe qui nous permet de découvrir ce qui s’est passé lors du départ de Portnoy, nous permet d’apprécier les différents batteurs, et non des moindres, testés pour occuper la place tant convoitée. C’est vrai, il n’est pas facile de remplacer un Mike Portnoy, et je ne vous livrerai pas plus de détail quant à ce DVD, car cela brisera votre plaisir à le découvrir.

Donc, Dream Theater a choisi Mike Mangini. Un Mike en chasse un autre… Voilà qui ne les dépaysera pas trop. Et le DVD nous aura permet de nous rendre compte des capacités de Mangini. Comme on le voit sur la pochette, DT émerge de la masse des nuages, une résurrection quoi, et nous replonge dans l’ambiance du fameux « Scenes From A Memory » sorti en 1999. Cela se sent dans les arrangements, dans l’ambiance, mais aussi dans les riffs et la dynamique. Pourtant, il y a moins de ces grandes mélodies qui nous avaient séduites en 1999, comme « Through Her Eyes » ou « The Spirit Carries On ». Elles sont belles, mais moins incontournables dirai-je. Bien sûr, le single « On The Backs Of Angels » en possède une, mais ce n’est pas la plus grande qu’a enregistré le groupe. Elle a même plutôt un petit goût de réchauffé.

Pas de doute, le nouveau batteur Mike Mangini est à la hauteur des attentes. Il est d’une efficacité redoutable, mais moins lourd qu’un Portnoy, plus subtil peut-être. Les arrangements sont variés, l’ambiance générale est tendue. La guitare se fait déchirante ou dévastatrice, la rythmique époustouflante. Les claviers nappent ou virevoltent, le chant assure à la perfection. On appréciera surtout les titres épiques, ceux qui dépassent les dix minutes. « Lost Not Forgotten » est un grand moment torturé, plein de hargne et d’intrigue. La tension est à l’extrême sur « Bridges In The Sky » qui contient un combat au couteau entre guitare et claviers. Sur « Outcry », le peuple se réveille, appelle au changement. La batterie simule la bataille, même la basse s’y met. Nous sommes une fois encore tenus en haleine. Et puis, il y a ce solo floydien sur « Breaking All Illusions », même si John Petrucci est plus volubile qu’un Gilmour.

Extraire un titre de son contexte serait une erreur ! C’est album est un tout ! Si au début on se dit que cet opus est en dessous de « Scenes From A Memory », au fil des écoutes on change d’opinion, captivé que nous sommes par l’ambiance qui se tisse. Et en fin de compte, même s’il est moins fort côté mélodies, l’album vaut celui de 1999 et s’inscrit sans conteste parmi les grands Dream Theater.

Pays: US
Roadrunner Records RR7765-5
Sortie: 2011/09/12