CRIS LUNA – Babylon Child
Notre rédacteur en chef bien-aimé dispose de ce qu’il est convenu d’appeler ‘un bon fond’ et il me plaît à croire que ce n’est pas par pure méchanceté qu’il m’a confié la chronique de « Babylon Child », le premier album de Cris Luna. Pourtant, depuis quelques jours, je ne cesse de m’interroger sur les raisons qui ont pu pousser notre boss à penser que la musique composée par ce guitariste français (NDR : originaire de Lorraine) pouvait correspondre au ‘scope’ de mes connaissances musicales qui, rappelons-le, ne dépassent pas vraiment les limites du hard rock et du heavy métal. « Babylon Child » serait-il la première étape d’un plan diabolique visant à m’ouvrir l’esprit et à m’imprégner d’une culture positive ? JP chercherait-il à m’aider à élever mon esprit sur le plan éthique afin de me préparer au jugement dernier qui, selon les dires de quelques humoristes Mayas morts et momifiés depuis des lustres, serait planifié pour l’année prochaine ? Si tel est le cas, je ne peux que remercier notre (Saint) patron de tous ses efforts destinés à sauver mon âme, et ce même si c’est au détriment d’un artiste dont l’œuvre mérite probablement beaucoup mieux que la pitoyable chronique que je vais en faire.
Bien qu’en raison de mes ‘limites personnelles’ j’avoue ne pas avoir pris énormément de plaisir à ingérer ce « Babylon Child », je dois confesser une admiration certaine pour cet artiste qui, faisant fi des modes et des attentes du music business, vit sa passion à fond et consacre (probablement) tout son temps libre ainsi qu’une bonne partie de ses économies afin de produire la musique en laquelle il croit. Rien que pour cela : chapeau bas Monsieur Luna.
Auteur, compositeur, interprète, multi-instrumentiste, Crisluna est aussi un rêveur idéaliste. L’artiste décrit son disque comme une ‘Invitation au voyage sonore à travers les merveilles et les horreurs du monde’. Guerres du pétrole, enfants soldats, business de l’armement, retour du fascisme, mais aussi amour, amitié et espoir pour le futur sont les thèmes abordés tout au long de l’album. Le moyen de transport proposé afin de réaliser ce ‘voyage sonore’ semble consister en un brassage d’influences musicales hétéroclites qui, au grand dam de votre humble serviteur n’incluent ni le hard rock, ni le heavy métal.
Chrisluna, dont le timbre de voix oscille entre celui de Lou Reed (pour l’enthousiasme) et Johnny Rotten des Sex Pistols (pour la justesse) se charge lui-même de la plus grande partie des vocaux de l’album.
Si, dans un élan d’éclectisme, je me réjouis de pouvoir discerner dans certaines compositions de l’artiste Lorrain l’héritage psychédélique du grand Pink Floyd (« Nightbird », « You Shoot Me »), je suis un peu refroidi par l’abus de programmations électroniques qui font ressurgir en moi de vagues souvenirs d’une musique ‘new wave’ abhorrée et d’un ‘rock indus’ franchement contraire à mon credo personnel. Le voyage sonore franchit même, le temps d’« A Letter Of War », la frontière de l’insupportable en proposant un reggae Bernard Lavilliersien au cours duquel Chrisluna se voit secondé par une vocaliste (Véronique Bruni) affublée d’un accent anglais plus que catastrophique. Un faux pas heureusement vite oublié grâce au rock burné du titre suivant (« Love Bus »).
« Babylon Child » n’est pas destiné aux ‘obtus’ dans mon genre. Nous comptons donc (Crisluna et moi) sur vous autres, les ouverts, les éclectiques, les libres penseurs et les amateurs de véritable bonne musique pour lui rendre la justice qui lui est due.
Liste des morceaux (71’23) :
- Nightbird (3’17)
- Huma (5’29)
- Why ? (6’19)
- A Letter Of War (6’28)
- Love Bus (6’28)
- Shooting Star (2’35)
- Black Sun (7’42)
- Two (7’31)
- Street Of Peace (6’16)
- You Shoot Me (5’29)
- Babylon Child (9’54)
- Free World (3’50)
Musiciens :
- Crisluna : Guitare, Programmation, Claviers, Percussions, Digidrum, Chant,
- Frantz : Batterie (2, 4, 7, 9, 11)
- Véronique Bruni : Chant (4,12)
- Michel Di Tore : Saxophone (4)
- Iza : Chant (8)
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2011/08/23