ISOTOPE – Deep End
Exactement quatre ans après sa formation, en juin 1976, Isotope sort « Deep End », son troisième et dernier album. Il succède à « Isotope » (1974) et « Illusion » (1974). Seuls son fondateur et leader, Gary Boyle, et Nigel Morris auront participé aux trois albums.
Intervenu peu de temps après la sortie du premier album, le départ simultané du bassiste Jeff Clyne (ex-Nucleus) et du claviériste Brian Miller avait peu porté à conséquence. Le quatuor s’était rapidement reconstitué avec Hugh Hopper (ex-Soft Machine) et Laurence Scott. Toujours nombreuses, les tournées s’étaient poursuivies. L’original mélange de Jazz et de Rock influencé par Nucleus, Soft Machine et consorts d’un côté, par John McLaughlin et Mahavishnu Orchestra de l’autre, avait peu varié.
Il n’en va pas de même avec « Deep End ». Le départ de Laurence Scott puis de Hugh Hopper a profondément transformé le son et le style d’un quatuor devenu quintette. La dernière tournée aux États-Unis et le contrat avec le label Motown en sont probablement en partie responsables. Avec deux claviéristes qui utilisent plus volontiers les synthétiseurs et se complètent à merveille, une rythmique d’enfer étonnamment percutante, le groupe s’engouffre dans un Jazz-Rock où les influences anglaises ont été réduites au profit d’autres clairement américaines et fortement teintées de Funk. Herbie Hancock devient alors une référence évidente. Certaines caractéristiques de Weather Report, de Santana et de Billy Cobham apparaissent plus sporadiquement.
Dans cette nouvelle configuration, les deux rescapés sont transformés. Si le guitariste garde ses qualités de technicien hors pair toujours dans la lignée des John McLaughlin et John Etheridge, il semble découvrir Carlos Santana et les spécialistes de la guitare Funk, dont Wah Wah Watson. Avec les deux claviéristes, une dynamique positive s’est installée et les solos de chacun sont inspirés et pétillants. Quant au batteur, il est méconnaissable, métamorphosé, plus flamboyant que jamais, peut-être stimulé par le percussionniste Morris Pert (Brand X) et le riche duo de bassistes.
En conclusion, « Deep End » ressort comme un album aussi indispensable que ses prédécesseurs, différent mais tout aussi passionnant. Il ne pourra que plaire aux amateurs de Jazz-Rock ouvert tant aux courants anglais qu’américains, qu’une bonne dose de Funk ne rebute pas. Sans modification fondamentale, les titres remixés présentés en bonus prolongent simplement le plaisir.
Le projet d’un quatrième album produit par Billy Cobham aux États-Unis ne verra pas le jour et, début 1977, le groupe sera dissout par manque de moyen et de soutien.
Les titres (65’12) :
- Mr. M’s Picture (Boyle)(4’52)
- Crunch Cake (Roberts)(3’56)
- Another Side (Kronberger)(3’59)
- Black Sand (Morris)(5’44)
- Pipe Dream (Scott)(6’29)
- Attila (Boyle)(4’26)
- Fonebone (Hopper)(4’24)
- Deep End (Boyle)(8’22)
+ - Mr. M’s Picture (Boyle)(4’54)(*)
- Crunch Cake (Roberts)(3’55)(*)
- Black Sand (Morris)(5’54)(*)
- Deep End (Boyle)(8’17)(*)
(*) en bonus (Remix 2001)
Les interprètes :
- Gary Boyle : Guitare
- Zoe Kronberger : Piano, Claviers, Synthétiseurs & Voix
- Frank Roberts : Piano, Claviers & Synthétiseurs
- Dan K. Brown : Basse
- Nigel Morris : Batterie
+ - Neville Whitehead : Contrebasse
- Morris Pert : Percussions
+ - Laurence Scott : Synthétiseurs (7)
- Hugh Hopper : Basse (7)
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2274
Sortie: 2011/05/31 (réédition, original 1976/06)