JOAN OF ARC – Life Like
Lorsque son bourreau s’apprêtait à enflammer le bûcher qui allait l’élever au rang de martyre, Jeanne d’Arc était bien loin de s’imaginer que, quelques siècles plus tard, elle ferait l’objet d’une inspiration obsessionnelle de la part de quelques musiciens. Ainsi, en 1981, sur l’album « Architecture & Morality » d’Orchestral Manœuvres In The Dark, son âme est présente sur deux titres (« Joan Of Arc » et « Maid Of Orleans »). Cinq ans après, c’est Morrissey au sein des Smiths qui chantait avec conviction « I know how Joan of Arc felt as the flame rose to her roman nose » sur « Bigmouth Strikes Again ». Pas étonnant dès lors qu’un groupe finisse par rendre hommage à la Pucelle d’Orléans en adoptant son nom. Joan Of Arc (le groupe) est donc un collectif à géométrie variable originaire de Chicago qui sort des albums sur base régulière depuis une bonne quinzaine d’années.
Aux côtés de Tim Kinsella (qui est le dernier membre d’origine), on retrouve un paquet d’autres musiciens qui ont tous des liens avec d’autres projets parallèles dont les ramifications donneraient le tournis à un passionné de généalogie. « Life Like », le nouvel album du groupe (le quatorzième) est aussi le second à sortir cette année après « Oh Brother » paru en février dernier en vinyle et en édition ultra limitée. Vous l’avez compris, Joan Of Arc n’est pas le genre de groupe à simplifier la vie de ses fans. Et ce n’est pas « I Saw The Messed Binds Of My Generation », la longue plage d’intro, qui va inverser la tendance. On a d’abord droit à sept minutes d’un math rock étoffé et travaillé (parfois même un peu prévisible) avant une deuxième partie chantée d’une voix hésitante par un type clairement dans son trip.
Sur le single « Love Life », on se rend compte que cette voix à la limite de la rupture est une sorte de marque de fabrique et à l’écoute de « Like Minded », on arrive enfin à mettre un doigt sur peut-être pas une influence, mais au moins un point de comparaison. Vous souvenez-vous de Mull Historical Society, le groupe de Colin McIntyre actif dans la première moitié des années 2000 dont le premier album (« Loss ») dégageait quelque chose de spontané et de maladroit qui finissait par le rendre attachant. Et bien, à certains moments, on a le même sentiment à l’écoute de Joan Of Arc, même si on est dans un environnement beaucoup moins pop (sauf « Life Force » où la comparaison ci-dessus prend tout à fait son sens). Plusieurs écoutes vont même jusqu’à nous faire prendre conscience d’un certain sens mélodieux parfois bien caché derrière des murs de guitares (« Night Life Style ») quand ce ne sont pas des bidouillages à la Foals (« Deep State »). Cela dit, le sentiment qui prime nous confirme que ces types sont des musiciens surdoués qui jouent admirablement bien mais dont le style peut-être un peu trop intello risque d’en rebuter plus d’un.
Pays: US
Polyvinyl Records PRC-215
Sortie: 2011/05/10