EARTH AND FIRE – To the world of the future
Earth & Fire est issu de la scène des early 70’s de La Haye aux Pays-Bas, qui a donné nombre de groupes d’envergure internationale, dont les moindres ne sont pas Golden Earring et Shocking Blue. Earth & Fire était passé maître dans l’art de réaliser des singles qui ont tous été de petites merveilles, en tout cas jusqu’en 1975, et dont « Wild & exciting » (1970) peut être considéré comme l’un des singles les plus killers des seventies, en tout cas chantés par une voix féminine. À côté de cela, les premiers albums du groupe proposaient du prog de qualité, dont le 2e « Song of the marching children » 1971) fut véritablement remarquable.
« To the world of the future », réalisé en avril 1975, constitue leur 4e album et s’inscrit dans la lignée des rééditions de leurs 3 premiers par Esoteric Recordings. Succédant à leur 3e album, « Atlantis » (1973), qui avait légèrement déçu par rapport à leur chef d’œuvre précédent, « To the world of the future » redresse la barre et relève la tête avec un prog toujours caractéristique, mais qui intègre une touche funky et jazzy jusqu’alors absente de son répertoire. De l’avis même du batteur Théo van der Kleij, 1974 a été une année cruciale pour Earth and Fire, marqué par le départ du bassiste Hans Ziech (qui continuera à collaborer avec le groupe en tant que parolier), lequel sera remplacé par Theo Hurts, qui amènera de nouvelles influences. Hurts écoutait en effet beaucoup Herbie Hancock, Chick Corea et surtout Mahavishnu Orchestra, que le groupe passa énormément dans leur tour bus au cours de l’année 1974, et qui a clairement eu une influence sur la musique d’Earth and Fire à l’époque, qui cherchait à évoluer musicalement.
Le titre éponyme « To the world of the future » annonce la couleur avec une intro très funky, et le jeu de basse de Hurts n’y est pas pour rien, tant il s’y révèle riche et inspiré. Des voix en réponse mutuelle et en choeurs partagées entre Jerney Kaagman et Chris Koerts confèrent une partition vocale originale à la première partie de ce titre, relayée par des soli de guitare et de claviers typiques des frères Koerts, dont on ne soulignera jamais assez l’importance dans le groupe, à l’égale de celle de leur chanteuse. La patte instrumentale de Chris dans le jeu de guitare est immédiatement reconnaissable, tout comme l’est celle de Gérard dans les claviers, responsable d’ambiances symphoniques, finement ciselées. Ces caractéristiques sont aussi particulièrement évidentes dans le splendide et délicat « How time flies ».
Les 2 singles parus à l’époque, « Love of life » et « Only time will tell » sont comme à leur habitude imparables, mélodiquement et structurellement. « Voice from Yonder », écrit par Theo Hurts, élargit l’horizon d’Earth and Fire, intrigue et convainc aussitôt, tout comme l’instrumental « The last seagull ». Jerney Kaagman a écrit les paroles de « Circus » et le chante divinement.
S’ajoutent à ces titres figurant originellement sur l’album 5 bonus tracks, dont 2 singles réalisés en 1976, plutôt pop et pas franchement enthousiasmants, ainsi que 3 faces B, intéressantes sans plus pour 2 d’entre elles, et même totalement dispensable pour « Excerpts from To the world of the future », avec annonces radio publicitaires en néerlandais, alors même que ce titre figure évidemment en entier ici !
« To the world of the future » se révèle donc un excellent cru du groupe, probablement son meilleur album avec l’excellent « Song of the marching children ». De nouvelles influences funky et jazzy viennent enrichir le rock symphonique du groupe des frères Koerts, dynamique et personnel, sans être toutefois véritablement novateur. Avec cet album, Earth and Fire mettait un terme à sa période prog, et en même temps à celle d’albums de qualité. En effet, dès l’album suivant « Gate to infinity » (1977), le groupe allait se chercher une nouvelle évolution musicale, qui le verra engendrer son plus gros succès commercial en 1979 avec le single « Weekend », très pop mais nettement plus léger et moins riche. Si vous voulez (re)découvrir ce très bon groupe des early seventies, dirigez-vous vers ce « To the world of the future », ajoutez-y « Song of the marching children » et une compilation reprenant les singles du groupe jusqu’à 1980, ce qui devrait constituer un excellent scan de son œuvre.
Musiciens :
- Jerney Kaagman – chant
- Chris Koerts – guitares, synthétiseur, chant
- Gerard Koerts – claviers
- Theo Hurts – basse, guitare acoustique
- Ton van der Kleij – batterie, percussions, xylophone, bell tree
Liste des morceaux :
- To the world of the future 11:29
- How time flies 3:18
- The last seagull 7:35
- Only time will tell 3:42
- Voice from Yonder 7:01
- Love of life 3:10
- Circus 6:20
- Tuffy the cat (bonus track) 3:09
- Fun (bonus track) 3:40
- Thanks to the love (bonus track) 3:42
- Excerpts from « To the world of the future » (bonus track) 5:37
- What difference does it make (bonus track) 3:10
Pays: NL
Esoteric Recordings ECLEC 2279
Sortie: 2011/06/27 (réédition, original 1975/04)
Et bien moi qui ne jure que par les trois premiers albums de Earth & Fire je vais devoir écouter cet album dont je ne connais que les singles cités et qui sont moins convaincant que « Maybe Tomorrow , « Storm & Thunder » ou « Wild & Exiting » sur les 3 premiers albums.
A noter que « Love Quiver » sur le premier album de Earth & Fire est une influence majeur que j’assume dans « Mister Jacky » l’album des Narcotic Daffodils chroniqué en Juin
http://www.musicinbelgium.net/pl/modules.php?name=Reviews&rop=showcontent&id=5016
Earth&Fire est d’ailleurs en général une de mes influences les plus prégnante dans le jeu de Hammond et dans la composition , comme le jeu de Sitar dans Shocking Blue (« Love Buzz » , « Aschka Rag » , « Ink Pot ») , mais aussi la proximité reconnue de Shoking Blue avec Jefferson Airplane (« Send me a Postcard »// »Somebody to love ») dont on parle souvent à propos des Narcotic Daffodils
Ces singles sont différents, je préfère aussi ceux qui les précèdent mais peut-être leur côté plus funky heurte-t-il au premier abord. C’est un fait que je les apprécie plus aujourd’hui qu’auparavant, probabalement à cause d’une écoute plus attentive à cause de la chronique à écrire.
Quant à Shocking Blue, leur 3 premiers albums ont aussi été d’excellente facture, dans un registre plus pop rock quoique certains de leurs titres flirtent avec le prog (Deamn Lover, Scorpio’s dance, Poor boy,…). Et Mariska Verès était à mon avis une chanteuse de plus grande envergure que Kaagman. Les musiciens de Shocking Blue étaient aussi des pointures (leur bassite a d’ailleurs été félicité par Humble Pie lors de leur passage au festival de Bilzen en ’70, avec qui ils partagaient l’affiche).