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ISOTOPE – Illusion

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Formé par Gary Boyle en juin 1972, Isotope subit un premier séisme en mai 1974, deux mois après la sortie d’un premier album franchement réussi, « Isotope ». Vexés par une remise en question de la ligne musicale, le bassiste Jeff Clyne et le claviériste Brian Miller, compositeur de huit des neufs titres de l’album, claquent la porte.

Engagés dans le projet East Wind de Stomu Yamashta, les deux rescapés ont la chance de côtoyer le bassiste Hugh Hopper, ex-Soft Machine depuis mai 1973, auteur à la même époque d’un premier album solo, « 1984 », et toujours assoiffé de nouveaux projets. L’association des trois artistes testée sur scène et sur disque derrière le percussionniste japonais se révèle harmonieuse. Ce résultat positif les convainc de travailler ensemble. Dès la fin de son contrat, le bassiste intègre Isotope. À ce trio s’adjoint le claviériste Laurence Scott, amateur jusqu’alors, persuadé de délaisser pour un temps son métier de dentiste.

Intégrer Hugh Hopper est avantageux. Outre le fait de posséder une réputation établie et un style de jeu bien particulier, l’homme compose avec facilité et peut immédiatement puiser dans un répertoire personnel étendu. Comme beaucoup d’artistes de Jazz, il sait aussi s’adapter rapidement aux situations nouvelles. C’est ainsi que, dès la formation du quatuor, fin juin 1974, une première tournée s’engage. D’autres suivront, au milieu desquels un second album, « Illusion », sera enregistré et publié en fin d’année. L’impact de plusieurs nouveaux titres avait pu être préalablement mesuré sur scène.

À l’écoute, l’inspiration est bien au rendez-vous. Contrairement au premier album, le travail de composition est mieux réparti. L’ex-Soft Machine et son leader du moment signent quatre plages chacun, avec l’aide du batteur pour l’une d’entre elles, et le dentiste-claviériste en signe deux. Tout en actant la personnalité et les préférences artistiques de chacun, toutes s’intègrent dans le projet commun. Au niveau de la qualité et de l’intérêt, elles tiennent toutes la route.

Bizarrement, une constatation s’impose pourtant. Malgré tout le remue-ménage, Isotope a peu changé. Seul le style de jeu des nouveaux arrivants marque une différence, pas une révolution. Spécialiste de la Fuzz basse, donc des effets sonores, Hugh Hopper apporte à l’occasion cette particularité. Pour le reste, il se distancie peu de son prédécesseur. Laurence Scott est probablement moins ancré dans le Jazz du début des années soixante et compense parfois une virtuosité moindre par une amplitude sonore supérieure. Quant à la guitare et à la batterie, la première reste particulièrement précise, fluide et agile, et la seconde gagne en présence et en aisance.

Bref, Isotope fusionne toujours Jazz et Rock à l’Anglaise, avec d’un côté, Soft Machine (versions Ratledge, Hopper et Jenkins), quelques satellites de l’École de Canterbury et Nucleus, et de l’autre, John McLaughlin et Mahavishnu Orchestra, grâce toujours à l’excellent Gary Boyle. À propos de ce dernier, il faut signaler qu’en 1974, il apparut à la sixième place du classement des meilleurs guitaristes mondiaux de Jazz établi par le Melody Maker Magazine.

En conclusion, les amateurs du premier album et des groupes cités devraient apprécier.

Les titres (41’51) :

  1. Illusion (Boyle)(3’55)
  2. Rangoon Creeper (Scott)(5’59)
  3. Spanish Sun (Boyle/Morris)(7’49)
  4. E-Dorian (Hopper)(2’01)
  5. Frog (Boyle)(2’31)
  6. Sliding Dogs / Lion Sandwich (Hopper)(5’59)
  7. Golden Section (Hopper)(5’13)
  8. Marin County Girl (Boyle)(2’07)
  9. Lily Kong (Hopper)(2’32)
  10. Temper Tantrum (Scott)(3’45)

Les interprètes :

  • Gary Boyle : Guitares
  • Laurence Scott : Claviers & Synthétiseurs
  • Hugh Hopper : Basses
  • Nigel Morris : Batterie

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2273
Sortie: 2011/05/31 (réédition, original 1974/11)

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