SUNGRAZER – Mirador
De nos jours, quand un groupe de rock sort un album tous les trois ans, on dit qu’il a un rythme rapide. C’est oublier les années 70 et l’époque bénie où Deep Purple et Steppenwolf sortaient deux albums par an et Frank Zappa trois. Eh bien, avec Sungrazer, le temps de l’abondance est revenu puisque ces Néerlandais stoner sortent avec « Mirador » leur deuxième album en six mois. Comme pour le premier album « Sungrazer« , c’est le label allemand Elektrohasch qui remet le bébé sur les fonts baptismaux et qui permet au monde moderne de découvrir à nouveau les talents nombreux du trio batave.
Vu ce que les garçons de Sungrazer nous proposent sur cet album « Mirador », on se dit qu’ils avaient quelques compositions prêtes sous le manteau depuis bien longtemps. La maturité des titres est telle que si ces gars-là avaient torché tout ça en moins de six mois, avec écriture, répétitions et enregistrement compris, on aurait affaire aux plus grands génies créatifs depuis bien longtemps. Ou alors, ils auraient pu faire un double album en guise de première œuvre, mais il est toujours difficile d’imposer un tel concept lorsqu’on débute.
Rutger Smeets (guitare et chant), Sander Haagmans (basse et chant) et Hans Mulders (batterie) remettent donc le couvert et mettent en lice sept titres compacts et aériens, à la pesanteur assurée et aux durées diverses. Deux chansons de plus de huit minutes et une de quatorze minutes occupent trente des quarante-huit minutes de l’album, ce qui n’est pas rien. On démarre le trip sur un coussin de velours avec « Wild goose », qui laisse vite la place à une course d’étalons recouverts d’acier dans « Octo ». « Goldstrike » est le premier long titre de l’ensemble et développe des atmosphères et des rythmes variés, entre puissance et douceur, ce qui commence à être caractéristique de Sungrazer (souvenez-vous de « Somo » et « Common believer » sur le premier album). « Behind » voit la capsule spatiale de Sungrazer flotter au beau milieu de l’espace intersidéral. Du moins au début, car vers la quatrième minute, une attaque d’éléphants cosmiques commence à se déchaîner sur le vaisseau. Puis c’est le retour rapide à la plénitude du silence stellaire, avec de délicates nappes de guitare et de basse, tout en légèreté pink floydienne. La basse s’extrait soudain de son nuage onirique et entraîne le reste de la troupe dans un tourbillon de décibels lysergiques indomptables. Voilà, quatorze minutes de stoner pur jus.
On ne va pas révéler toutes les bonnes surprises de cet album, mais disons que Sungrazer signe ici une autre œuvre forte, cohérente et captivante de bout en bout. Tous les télescopes doivent se braquer sur cet objet volant, car il a le potentiel pour livrer sur Terre de nouvelles perles dans un avenir qu’on espère proche.
Pays: NL
Elektrohasch CD150
Sortie: 2011/08/19