AARDVARK – Aardvark
On continue donc notre retour vers le passé avec cette nouvelle réédition de la division Esoteric Recordings du label Cherry Red Records. Cette fois-ci, c’est un groupe anglais des seventies, Aardvark, que nous allons découvrir ou redécouvrir peut-être pour certains de nos lecteurs. J’ose espérer d’ailleurs qu’il y a parmi vous de vrais connaisseurs des années septante. Le band, qui se forme en 1969, réalisera malheureusement un seul album studio. C’est celui qui nous intéresse aujourd’hui et au sein duquel on retrouve David Skillin au chant, Stan Aldous à la basse, Franck Clark aux percussions et Steve Milliner aux claviers. C’est d’ailleurs ce dernier, musicien emblématique, qui guida le groupe pour sa seule réalisation discographique. Autre fait marquant, et non des moindres à signifier, est le bref passage au sein d’Aardvark de Paul Kossof et de Simon Kirke. Ces deux lascars iront par la suite former le mythique Free en 1970 avec Paul Rodgers et Andy Fraser. Tout le monde se souvient bien sûr de « All Right Now » ainsi que d’un autre groupe mythique Bad Company où officiaient également Paul Rodgers et Simon Kirke à partir de 1973.
Le style d’Aardvark se situe dans un créneau rock-progressif des seventies avec comme particularité de jouer sans guitare. C’est la section rythmique et surtout les orgues ou vibraphones, qui construisent et colorent les chansons. Comme référence, on pourrait citer ELP, Procol Harum, Pink Floyd, Moody Blues et les Doors. Au fur et à mesure de la découverte de cet opus, on pourra aussi faire le rapprochement avec Deep Purple et Uriah Heep. Un heavy-rock où domine l’orgue, mais aussi la belle voix de David. L’album débute par « Copper Sunset », un hard-rock dans la plus pure tradition du Deep Purple des premiers albums. Le son de l’orgue, omniprésent, y est magique. Le travail de Steve Milliner est excellent. On pensera également aux Doors, les orgues se faisant plus psychédéliques en partie centrale de la composition. « Very Nice of You to Call » sera plus calme. Les percussions et le piano domineront cette seconde chanson. On notera un beau passage au piano au milieu de la composition. Les orgues dominent à nouveau pour « Many Things to Do ». On remarquera également un beau travail au niveau des percussions. « The Greencap » nous offrira de nouveau un magnifique passage aux orgues. Les deux compositions suivantes, « I Can’t Stop » et « The Outling-Yes », se feront plus expérimentales, plus psychédéliques à la manière des premiers Pink Floyd. « Once Upon a Hill », écrite par Stan Aldous, sera la seule ballade de l’album où l’on découvrira le jeu de flûte. En parlant d’instruments, on notera l’utilisation d’un Hammond, d’un vibraphone et d’un marimba, xylophone sud-américain. Ceux-ci, riches en chaleur, feront oublier sans problème l’absence d’une six cordes. « Put That in Your Pipe and Smoke It » clôturera en beauté ce magnifique opus sorti d’outre-tombe avec un rock-psychédélique endiablé à souhait où les orgues virevolteront dans tous les sens. Le jeu de basse et le jeu aux percussions seront également sans retenue. On se retrouve à nouveau à la grande époque du Deep Purple et des Doors.
Avant de remettre le verdict sur cet album, notons également le splendide travail de présentation de cette réédition avec la pochette originelle, mais surtout un magnifique livret fouillé et très complet illustré par de nombreuses photos d’époque. Le travail d’Esoteric Recordings est une fois de plus remarquable. Venons-en au contenu musical qui, pour moi, fait jeu égal avec les premiers Deep Purple. C’est pourquoi j’estimerais injuste de ne pas mettre sur un même pied d’égalité l’album d’Aardvark et ceux qui sont devenus des pièces d’anthologie. Cet opus est également une pièce d’anthologie ! Un album que tout puriste ou collectionneur se doit d’avoir dans sa discothèque. Retour vers le passé, une grande réussite !
Pays: GB
Cherry Red Records / Esoteric Recordings 2286
Sortie: 2011/07/25 (réédition, original 1970/03)