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ROTE MARE – Serpents Of The Church

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Tout n’est pas fun et rock’n’roll au pays des kangourous, de Crocodile Dundee et de Rose Tattoo car, là-bas aussi, le grand ‘Sabbat Noir’ fait des émules. Basé à Adélaïde, dans le sud de l’Australie, Rote Mare est un projet doom métal créé par le chanteur/guitariste Phil Howlett. De 2005 à 2009, le musicien évolue en solitaire. Il compose et enregistre seul les sept premières démos du groupe. Fin 2009, Rote Mare passe du statut de ‘One-Man Project’ à celui de groupe véritable grâce à l’intégration de Sean Wiskin (guitares), Jess Erceg (basse) et Ben Dodunski (batterie). Le quatuor ainsi formé publie l’année suivante son premier EP officiel intitulé « Sorrow’s Path ».

Je n’étonnerai probablement personne en affirmant que la genèse du doom remonte à février 1970, date de la publication du premier album éponyme de Black Sabbath. En quarante ans d’existence, tout (ou presque) a été fait dans le style. Le doom a été décliné de toutes les manières possibles et imaginables : doom traditionnel, doom death, funeral doom, doom gothique, doom épique, doom sludge, doom stoner, drone doom, doomcore, et j’en passe. Faire du doom en étant original et inventif est donc désormais une utopie.

Affilié à la scène ‘traditional doom’, Rote Mare n’échappe pas à la règle. Cependant, le quatuor australien tire plutôt bien son épingle du jeu et propose des compositions qui, sans vouloir sortir à tout pris des sentiers battus, se démarquent parfois du classique canevas des quatre premières rondelles du Sabbath Noir.

« Serpents Of The Church », le pavé éponyme placé au début de la grand-messe, démarre de la manière la plus traditionnelle qui soit. Un riff en granit aussi épais que répétitif et des vocaux monocordes placés sur un rythme lancinant au possible. Nous marchons sur les plates bandes boueuses de Saint Vitus et son ami le Reverend Bizarre. Petite frayeur : le titre affiche onze minutes quinze secondes au compteur et l’on se dit qu’à ce rythme gastéropode, le temps risque de sembler bien long. Après six minutes de ce traitement éprouvant, l’auditeur normalement constitué ressent le besoin naturel d’appuyer sur le bouton ‘next’ de son lecteur CD. Cependant, Rote Mare, qui connaît les limites de son public, choisit ce moment précis pour se lancer dans l’imitation de l’une de ces accélérations plombées dont le grand Tony Iommi a le secret. Allégé de son lest, le titre s’élève comme un aérostat vers les sommets glorieux du doom métal.

Les onze minutes de ce titre d’ouverture sont loin d’être une exception. Cinq des sept plages de l’album dépassent les dix minutes. Le record de longueur revient à « Funeral Song », une ‘marche funèbre’ envoûtante, plus sombre encore que celle de Chopin, dont la durée frôle le quart d’heure. La palme de l’originalité, quant à elle, est attribuée à « Crossroads », une composition étrange, où les riffs pachydermiques ne sont pas (ou peu) soutenus par la batterie. « Slow Decay (Sonic Mantra) » mêle quant à lui la noirceur du Black Sabbath vintage à celle des premiers opus de Celtic Frost. La voix d’Howlett, plus agressive que sur les autres titres, rappelle les grognements rauques de Tom G. Warrior. C’est aussi le cas pour « The Martyr » qui, musicalement, donne une idée de ce à quoi aurait pu ressembler le superbe « The Skull » des Américains de Trouble s’il avait été interprété par Celtic Frost. Comme son nom l’indique, « Children Of The Sabbath », est un hommage au ‘père fondateur’. Howett y assemble subtilement une quarantaine de titres de chansons de Black Sabbath afin de former un texte continu.

Au final, aussi traditionnel que soit le doom de Rote Mare, il n’en est pas pour autant dépourvu d’originalité. Cette combinaison plutôt personnelle des styles de Black Sabbath, Trouble, Celtic Frost et Saint Vitus justifie en tout cas que l’on s’attarde un peu sur « Serpents Of The Church ».

Serpents Of The Church (76’23) :

  1. Serpents Of The Church (11’15)
  2. Crossroads (10’36)
  3. Slow Decay (Sonic Mantra) (7’55)
  4. Funeral Song (14’35)
  5. The Martyr (12’35)
  6. In Dooms Name (The Chosen One) (7’33)
  7. Children Of The Sabbath (11’50)

Le groupe :

  • Phil Howlett : Guitare & Chant
  • Sean Wiskin : Guitare
  • Jess Erceg : Basse
  • Ben Dodunski : Batterie

Pays: AU
Altsphere Productions ALT088
Sortie: 2011/09/02

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