ARMAGGEDON – Armaggedon
Il ne faut pas confondre cet Armaggedon allemand (deux « g » et un « d ») avec l’Armageddon anglais de l’ex-chanteur des Yardbirds Keith Relf (deux « d » et un « g »), auteur d’un mythique album de hard-rock en 1975. Cet album de l’Armaggedon allemand est aussi, à l’instar de son homologue anglais, auteur d’un mythique album de hard rock en 1970. Et dans le genre, il faut bien admettre qu’Armaggedon tient le haut du pavé dans un secteur qui a pu s’enorgueillir d’avoir vu naître de fabuleux combos comme Silberbart, Dies Irae, 2066 & Then, Night Sun, Weed, Astérix ou Blackwater Park. Tous ces groupes allemands ont le point commun de n’avoir commis qu’un album mais un album qui a fendu bon nombre de tympans avec un rock lourd et psychédélique typique des années 70.
L’histoire d’Armaggedon fut assez brève et surtout improvisée. En 1970, un jeune guitariste berlinois du nom de Frank Diez, sans expérience professionnelle musicale particulière, est contacté par des musiciens se trouvant à Munich, le suppliant de les rejoindre pour enregistrer un album dont ils ne veulent pas perdre le contrat, leur guitariste étant hospitalisé et indisponible. Diez se rend aux studios Union de Munich et participe avec Manfred Galatik (claviers), Michael Nürnberg (basse) et Jürgen Lorenzen (batterie) à l’enregistrement en quatre jours de l’unique album d’Armaggedon. Comme ses trois autres camarades n’ont que quelques idées de morceaux, il ajoute également ses propres ébauches et le groupe décide de combler les trous avec deux longues reprises.
C’est ainsi que sort en 1970 l’album « Armaggedon » sur le label Kuckuck, une maison qui hante maintenant les fantasmes de tous les collectionneurs de disques par la rareté de ses productions. Ce qui frappe dans cet album, c’est le jeu de guitare impressionnant de Frank Diez, qui distille un son clair et des harmonies carrées et puissantes. Ceci est d’autant plus impressionnant que ce garçon avait à l’époque trois ou quatre ans de pratique derrière lui. Autre point fort, c’est la façon dont des musiciens n’ayant pas joué ensemble parviennent en quelques jours à trouver une osmose et écrire d’excellents morceaux sillonnés de heavy rock implacable et de sorties psychédéliques enchanteresses. « People talking » ou « Oh man » sont des trésors d’énergie et de dextérité et un titre comme « Open » ouvre le ciel étoilé et nous inonde de volutes psychédéliques et oniriques. Mais c’est dans les reprises qu’Armaggedon obtient le respect, revisitant le « Rice pudding » du Jeff Beck Group à coups de flingue et sur la longue distance et parvenant à rendre une version du « Better by you, better than me » de Spooky Tooth meilleure que l’originale. La guitare de Frank Diez est dans tous les coups, forgeant de l’acier, écoulant des ondes célestes, roulant à la fois sur des sentiers blues et métalliques (« People talking »).
Le groupe joue un ou deux concerts à Munich mais se sépare quasi instantanément après la sortie de l’album, qui rejoint la cohorte des albums inconnus et redécouverts des décennies plus tard. Frank Diez travaillera plus tard dans le groupe de jazz-rock Emergency, puis chez Atlantis, entre autres, inaugurant une longue carrière de musicien de session. L’album d’Armaggedon, ignoré à l’époque, a pris sérieusement du galon dans les cotations de collectionneurs. On peut encore trouver une réédition CD de 1991 sur Ohrwaschl, qui devient également très rare puisque limitée à 1000 copies. Mais le monde moderne peut maintenant respirer et découvrir la nouvelle réédition de chez Esoteric Recordings, qui va permettre la diffusion et la redécouverte d’un des meilleurs albums de hard rock seventies allemand, à découvrir absolument.
Pays: DE
Esotric Recordings / Reactive EREACD 1016
Sortie: 2011/03/28 (réédition, original 1970)