LAURIE, Hugh – Let Them Talk

Nous connaissons tous Hugh Laurie pour être la vedette de la série Dr. House, mais on le connaît moins bien en temps que musicien et encore moins en tant que chanteur. Habitué que nous sommes à la voix doublée de la série, beaucoup seront sans doute étonnés par son chant imprégné de l’ambiance sudiste avec ses tons bien blues, lui qui pourtant nous vient de la perfide Albion.

Hugh Laurie nous offre un album de reprises imprégnées des tons chers à la Nouvelle-Orléans. Mais pas n’importe quelles reprises. Il n’a pas choisi les classiques bien connus, mais s’est plongé dans le sud profond et en a ressorti des titres oubliés et des traditionnels. Et puis, il a choisi Joe Henry pour la production, et cela se sent.

Le livret vous affiche son autre moitié, pas celle de la série. Il tire son chapeau aux vieux bluesmen qui ont fait le style New Orleans et nous raconte son périple au fil des pages. Un livret fort bien réussi !

Côté musical, Laurie débute seul au piano avec « St. James Infirmary », un traditionnel. Mais quand le chant arrive, on découvre des arrangements parfaitement travaillés et une voix superbe. Cela prend une autre dimension à la fois moderne et respectueuse du style New Orleans. Ce respect pour les traditions sera sa ligne de conduite. On apprécie le vieux blues acoustique qu’est « You Don’t Know My Mind ». On respecte le blues lent de « Six Cold Feet » et sa voix rocailleuse de vieux bluesman ainsi que le saxo éblouissant de Levon Henry. Et que dire de l’ambiance jazz New Orleans dans « Buddy Bolden’s Blues » avec son solo de clarinette…

Qui n’a jamais entendu le traditionnel « Battle Of Jericho » ? Laurie nous en offre une splendide version d’une grande intensité, celle-ci étant accentuée par les choeurs et le violon. Hugh Laurie a invité Dr. John, une légende vivante du coin. Il chante sur « After You’ve Gone » dans une ambiance jazz, un peu panthère rose. Imaginez-vous dans un petit club de Bourbon Street. Le swinguant « Swanee River » a été choisi comme hymne de l’état de Floride en 1935. « The Whale Has Swallowed Me » a été écrit par J.B. Lenoir, une chanson simple, intrigante et intense.

Laurie a aussi invité sur son album Irma Thomas. Elle chante le traditionnel « John Henry » (à ne pas confondre avec Joe Henry…), l’occasion pour Laurie d’être un peu plus discret. « Police Dog Blues » est une chanson du domaine public, ici dans une version très dépouillée. Le piano se fait intense sur « Tipitina », un blues aux tons jazz. « Winin’ Boy Blues » se déroule dans une ambiance feutrée, type années 1920, en toute simplicité, juste chant, guitare acoustique et contrebasse.

Le très court « They’re Red Hot » (1’10) est plus rapide. Il swingue. C’est un titre de Robert Johnson. Dernier invité de Laurie, Tom Jones qui assure le chant de « Baby, Please Make A Change ». Irma Thomas revient assurer les choeurs pour ce blues sudiste. La voix de Jones prend parfois des intonations Bryan Ferry. Enfin, « Let Them Talk » termine ce premier opus. Hugh Laurie est seul au piano, comme au début de l’album.

Peu de stars du cinéma peuvent s’enorgueillir d’avoir aussi bien réussi dans la musique. Hugh Laurie nous offre là une perle d’une richesse musicale intense qui représente à merveille le Blues de La Nouvelle-Orléans et de sa région. Si vous aimez cela, ne manquez cet opus sous aucun prétexte !

Pays: GB
Warner Brothers Records 2564674078
Sortie: 2011/05/06