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KITTY, DAISY & LEWIS – Smoking in heaven

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La plupart des groupes rock de « petits jeunes » du moment se complaisent à recopier leurs aînés immédiats et fournissent ainsi à leurs contemporains de la resucée des Libertines, Strokes ou Hives en veux-tu en voilà. Il existe pourtant quelques gamins complètement à l’opposé de cette tendance, partis chercher l’inspiration bien plus loin dans le temps, dans les ères préhistoriques du rock, à des millénaires de nos années 2010. Exemple : Kitty, Daisy & Lewis, 25 ans à tout casser, sont remontés tellement loin qu’ils ont vu leur univers musical rester coincé en 1955. Leur truc, ce n’est même pas Chuck Berry, c’est déjà trop récent. Non, la fratrie Durham (c’est le nom de famille des deux sœurs et du frère) est restée obnubilée par cette frange de l’histoire du rock ‘n’ roll qui en était encore au boogie-woogie hérité du jazz et de ce blues rythmé développé dès les années 1920 et qui aboutirait plus tard au rock ‘n’ roll des années 50. Leur univers musical s’arrête le 4 novembre 1955.

Le cas de Kitty, Daisy et Lewis Durham va très loin, car ces braves gens sont tellement dans leur truc qu’ils ne se contentent pas de pomper de vagues compilations de rock ‘n’ roll mais ont développé leur propre studio avec uniquement du matériel d’époque récupéré des greniers de la BBC : micros, pédales d’effets, magnétos huit pistes, instruments, batterie, amplis, rien ne dépasse 1958. Comble du perfectionnisme archéologique et du souci de l’authenticité : leur nouvel album est disponible en CD et LP 33 tours (banal) mais également en 78 tours ! Il faudra sans doute expliquer à ce trio bloqué dans les couloirs du temps que le Président Kennedy a été assassiné il y a déjà bien longtemps.

Pour en revenir à l’histoire du groupe, le frère et les sœurs Durham sont anglais et dans la musique depuis leur plus jeune âge. Leur album « Smoking in heaven » est leur troisième disque, après « A-Z of Kitty, Daisy & Lewis: The Roots Of Rock ‘n’ Roll » (2007) et « Kitty, Daisy & Lewis » (2008). Ils ont participé à de gros festivals britanniques comme le Bestival ou Glastonbury et ont fait des premières parties de Coldplay, Razorlight, Richard Hawley ou Jools Holland.

Outre le rock ‘n’ roll, les trois Durham font également montre d’une connaissance pointue du rock steady et du ska, styles prisés des Mods anglais des années 60 mais qui remontaient aux années 50 et qui allaient plus tard donner les racines directes du reggae. C’est un morceau dans cette veine (« Tomorrow ») qui ouvre l’album. La plupart des titres sont inspirés du rock et du blues des années 50, mais Kitty, Daisy et Lewis savent mettre leur patte personnelle sur l’ensemble. L’instrumental « What quid? » est tout simplement sidérant. La rythmique boogie tribale fait immédiatement penser à la ligne mélodique de « The jeepster » de T. Rex (1971), à laquelle s’ajoutent des notes héritées du « Sunshine superman » de Donovan (1967) et des interventions de guitare wha-wha. Ce morceau de sept minutes et trente secondes est une reconstitution en laboratoire de rock ‘n’ roll psychédélique telle qu’auraient pu le concevoir des génies comme Eddie Cochran ou Buddy Holly s’ils avaient vécu. Un autre long morceau instrumental de près de neuf minutes conclut l’album et c’est tout simplement jouissif.

Toutes les compositions sont originales et signées de la famille Durham. Ces gamins sont fascinants, ils font partie de cette petite frange de la nouvelle génération qui s’intéresse aux ancêtres et qui a parfaitement compris le message et la philosophie du rock ‘n’ roll historique. Et ça, ça ne se rencontre pas tous les jours.

Pays: GB
Sunday Best SBESTCD44P
Sortie: 2011/05/30

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