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BAKER GURVITZ ARMY – Baker Gurvitz Army

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En 1974, les frères Paul et Adrian Gurvitz se retrouvent sans batteur pour leur groupe Three Man Army suite au départ rapide de Tony Newman, débauché par David Bowie. Avec un nouvel album sous le bras, ils se mettent à la recherche d’un remplaçant et rencontrent par hasard dans un club londonien le célèbre batteur Ginger Baker, né en 1939, ex-Blues Incorporated, Graham Bond Organization, Cream, Blind Faith, Ginger Baker’s Airforce. Le bonhomme revient de Lagos au Nigéria où il vivait depuis 1971. Durant ce long séjour, l’homme n’avait pas manqué d’activités. D’abord, passionné par les percussions et les rythmes africains, il avait enrichi son jeu et joué avec de nombreux artistes du cru dont Fela Kuti. Ensuite, il avait monté son propre studio d’enregistrement qu’il n’était jamais vraiment parvenu à rentabiliser. Enfin, il avait pratiqué le rallye et le polo à un bon niveau.

Toujours d’un caractère difficile, l’homme est disponible, … si l’essai est concluant et à ses conditions. Parmi celles-ci, il veut pouvoir poursuivre en parallèle ses activités de joueur de polo et, en prime, être soutenu. Tous ses desiderata rencontrés, la mort de Three Man Army et la naissance du Baker Gurvitz Army sont simultanément actées.

Même si leur stature est moindre, Paul (né en 1944) et Adrian (né en 1949) Gurvitz ne sont pas de complets inconnus. En 1967, ils avaient fondé le trio Gun qui avait signé l’année suivante un joli succès au Royaume-Uni avec le titre « Race with the Devil ». Après deux albums, Gun avait splitté. Adrian avait alors travaillé durant deux ans avec Buddy Miles, ex-Electric Flag et Band of Gypsy. Le batteur avait également participé au premier album de Three Man Army.

Simplement nommé « Baker Gurvitz Army », le nouvel opus sort rapidement. Bien que la base du matériel soit prête, le batteur amène sa touche personnelle, immédiatement reconnaissable, même dans la composition. Elle justifie amplement le changement de nom. Dans le Graham Bond Organization ou Cream, le duo qu’il formait avec Jack Bruce se fondait toujours en priorité sur le Jazz et le Blues, avant d’y insuffler la puissance du Rock. Dans Baker Gurvitz Army, le schéma change. Le Hard Rock sert de fondement, nourri par d’autres influences.

Le jeu du batteur s’est encore bonifié avec le temps et l’expérience africaine. Sa technique est stupéfiante, plus spectaculaire que jamais. En prime, le bonhomme est inspiré et en forme. Dans ce groupe, sur scène particulièrement, il surpassera toutes ses performances précédentes, celles de l’épopée Cream comprise. Efficace mais sage et plus effacé, le bassiste ne bouscule pas l’ego du maître des percussions et participe ainsi mieux encore à sa mise en valeur. Le guitariste possède un jeu puissant, tranchant et saignant. S’il appartient à la base à l’univers du Hard Rock, il est aussi capable de s’ouvrir au Blues. Au chant, il est parfait, avec une voix haut perchée. Il rappelle souvent Derek St Holmes (Ted Nugent). Le chant restera d’ailleurs toujours un autre atout dans ce groupe. Quant aux claviers, ils apportent ici une touche Progressive intéressante.

« Memory Lane » apparaît comme un des meilleurs titres de toute la carrière du groupe. La version en bonus, enregistrée en public, montre mieux encore le niveau atteint par Ginger Baker. Dans cette dernière version, il est carrément en démonstration. Dans tous les cas, les attaques à la guitare sont assassines. Le chant est brillant, qu’il soit interprété par l’un ou l’autre. Les claviers amènent une rondeur bienvenue.

Parmi les autres excellentes pièces, il faut citer « Love Is », saccadé, rapide et spectaculaire, « Inside of Me », léger et subtil, superbement chanté, joué à la guitare slide, « Mad Jack » avec ses changements de tons et d’atmosphères, la voix d’outre-tombe de Ginger Baker et ses fantastiques roulements de batterie, les guitares solo et slide, les nappes de claviers, « 4 Phil », Blues impressionnant dédié au batteur Phil Seamen, décédé, ami de Ginger Baker et membre de l’Airforce.

« Help Me » est idéal comme mise en route. Le chant et les percussions y sont remarquables. À part, « I Wanna Live Again » est une ballade Rhythm & Blues dominée par les voix et les synthétiseurs. Mal tourné, sans réelle direction, « Since Beginning » est le seul titre décevant.

En conclusion, il est certain que rater cet album une seconde fois serait désolant, particulièrement avec ce titre en bonus.

Les titres (51’50) :

  1. Help Me (A. Gurvitz)(4’35)
  2. Love Is (A. Gurvitz)(2’51)
  3. Memory Lane (A. Gurvitz/Baker)(4’48)
  4. Inside of Me (A. Gurvitz)(5’32)
  5. I Wanna Live Again (A. Gurvitz/Baker)(3’30)
  6. Mad Jack (A. Gurvitz/Baker)(7’56)
  7. 4 Phil (A. Gurvitz/Barker)(4’20)
  8. Since Beginning (A. Gurvitz)(7’57)
    +

  9. Memory Lane (A. Gurvitz/Baker)(Live Version)(10’21)(en bonus)

Le groupe :

  • Ginger Baker : Batterie, Percussions, Vibraphone & Voix (6)
  • Adrian Gurvitz : Guitare & Chant
  • Paul Gurvitz : Basse & Chœurs
    +

  • John Norman Mitchell : Claviers, Synthétiseurs & Vibraphone
  • Barry St. John : Chœurs (5)
  • Lisa Strike : Chœurs (5)
  • Madeline Bell : Chœurs (5)
  • Rosetta Hightower : Chœurs (5)
  • John Bell : Orchestration (2)
  • Martyn Ford : Orchestration (2)
    +

  • Steve « Mr. Snips » Parsons : Chant (9)
  • Peter Lemer : Chant (9)

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2247
Sortie: 2011/02/28 (réédition, original 1974)

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