DOG SOLDIER – Dog Soldier
Formé à la mi-1974, Dog Soldier regroupait les deux personnalités essentielles du Keef Hartley Band, Keef Hartley (ex-Artwoods et John Mayall) et Miller Anderson. Associés dans ce groupe de 1968 à 1971, ils avaient participé au Festival de Woodstock, sans laisser de traces enregistrées, et publié cinq albums souvent intéressants (voir chroniques). Les tensions entre les deux hommes avaient alors amené le départ de Miller Anderson, chanteur, guitariste et surtout compositeur principal. Si le batteur n’était pas parvenu à compenser ce départ, son ancien compagnon n’avait pas mieux réussi avec son propre groupe, le Miller Anderson Band.
Pour ce nouveau projet, le batteur retrouvait également un ex-partenaire des Artwoods, le guitariste Derek Griffiths. Ces retrouvailles ne seront pourtant que de courte durée. Dans le courant de l’année suivante, peu de temps après la sortie de leur unique album, Keef Hartley abandonnait ses compagnons, déjà fatigué par une série de difficultés, parmi lesquelles il faut citer l’interventionnisme de la compagnie discographique, du retard dans la tournée suite à un problème de santé de Miller Anderson et, surtout, plusieurs pôles de tensions au sein du groupe. Sans soutien important dans la durée, avec des membres rapidement désireux de passer à autre chose, il n’est pas étonnant que l’album n’ait pas laissé beaucoup de traces dans les mémoires.
La parenté avec le Keef Hartley Band est évidente, malgré l’absence d’instruments à vent, le peu de liens avec le Jazz et l’apport de chacun d’une composition au minimum. Au départ, ce dernier point semble un atout. Pourtant, cette naïveté classique chez l’homme ne résiste jamais au temps que si chacun admet y trouver son compte, ce qui, dans les faits, est rarement le cas. Ici, à l’écoute, il est clair que Mel Simpson et les deux anciens du Keef Hartley Band ne sont pas tout à fait dans le même univers. Si le claviériste s’adapte à leur mélange de Rock et de Blues somme toute assez standard, il est aussi attiré par les effets, la richesse des sonorités de ses claviers et les atmosphères. Il rappelle d’ailleurs parfois Jon Lord. Il aime aussi la ballade. « Long & Lonely Night » en est une bien agréable, aux belles harmonies vocales.
Quoi qu’il en soit, Miller Anderson reste artistiquement la personnalité dominante. De solides compositions le confirment comme le bien carré « Pillar To Post », l’étonnant « Thieves & Robbers » où le chant rappelle plus qu’ailleurs David Clayton-Thomas (Blood, Sweat & Tears) et surtout, la pièce maîtresse, « Looks Like Rain ». Cette dernière dépasse de loin toutes les autres, autant dans sa version originale que dans sa version en bonus. Bien fichue, elle permet aussi à chacun d’étaler ses compétences individuelles, sans surcharge, toujours dans le respect de l’ensemble. La rythmique est excellente, le chant parfait, les solos intéressants, les claviers bien intégrés quoique surprenants et souvent un brin décalés.
Pour le reste, rien ne transcende ni ne dénote. La qualité de l’interprétation compense souvent le niveau moyen de l’écriture.
En définitive, « Dog Soldier » est à considérer comme une curiosité intéressante, sans plus. Après cette aventure, Keef Hartley rejoindra à nouveau Michael Chapman, Miller Anderson travaillera avec Mick Taylor, puis suivra T. Rex jusqu’à la mort de Marc Bolan.
Les titres (65’45) :
- Pillar To Post (Anderson)(5’03)
- Several People (Hartley)(5’21)
- You Are My Spark (Griffiths)(7’19)
- Long & Lonely Night (Simpson)(5’32)
- Giving As Good As You Get (Bliss)(4’52)
- Thieves & Robbers (Anderson)(5’53)
- Stranger in My Own Time (Simpson)(4’35)
- Looks Like Rain (Anderson)(11’36)
+ - Looks Like Rain (Anderson)(15’34)
Le groupe :
- Miller Anderson : Chant & Guitare
- Keef Hartley : Batterie
- Derek Griffiths : Guitare & Chant
- Mel Simpson : Claviers & Chant
- Paul Bliss : Basse & Chant
Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2252
Sortie: 2011/02/28 (réédition, original 1975)