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STROKES (The) – Angles

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Cinq ans. Il aura donc fallu cinq longues années aux Strokes avant de donner une suite à « First Impressions Of Earth« . De prime abord, cela peut paraître un peu étrange puisque ce disque leur avait justement permis de retrouver la spontanéité et l’énergie qu’ils avaient perdues avec « Room On Fire », leur relativement décevant deuxième album. À leur décharge, il était excessivement compliqué de succéder à l’impeccable « Is This It » qui avait contribué à remettre le rock ‘n’ roll sur la carte en 2001 et qui est depuis considéré comme un classique.

Ceci dit, à bien y réfléchir, ce laps de temps semble justifié car chaque membre du groupe y est allé de son petit projet parallèle. Ainsi, le premier à tenter l’aventure en solo sera le guitariste Albert Hammond Jr qui publiera deux albums sous son propre nom (« Yours To Keep » en 2006 et « ¿Cómo Te Llama? » en 2008). On aura notamment l’occasion de le voir à l’œuvre en première partie de Coldplay au Sportpaleis en octobre 2008. Parallèlement, le batteur Fabrizio Moretti formera Little Joy (album éponyme en 2008) tandis que le bassiste Nikolai Fraiture enregistrera sous le pseudo Nickel Eye l’excellent « The Time Of The Assassins » en 2009. Le guitariste Nick Valensi sera le moins productif de la bande, se contentant de participer à des titres de Regina Spektor, Devendra Banhart et même… Sia.

Assez bizarrement, le chanteur Julian Casablancas sera le dernier à passer à l’acte en sortant « Phrazes For The Young » fin 2009, même si on l’entendra auparavant sur « Era Vulgaris » de Queens Of The Stone Age (« Sick, Sick, Sick ») ou encore pour une publicité d’une célèbre marque de chaussures de sport (« My Drive Thru »). Pour être complet, signalons encore sa collaboration au projet « Dark Night Of The Soul » impliquant Danger Mouse et le regretté Mark Linkous (« Little Girl »). On était donc assez curieux d’entendre la nouvelle direction des Strokes, lorsqu’ils allaient avoir l’occasion de mettre toutes ces expériences en commun.

« Angles », ce quatrième et nouvel album, débute avec « Machu Picchu », qui approfondit les influences disco pop assez marquées de l’effort de Julian Casablancas. Efficace, certes, mais un peu déstabilisant lorsque l’on compare ce titre avec le back catalogue du groupe. Cela est peut-être dû au fait que pour la première fois, ils n’ont pas fait appel à leur producteur fétiche Gordon Raphael, pourtant grand instigateur de leur son, même si le single « Under Cover Of Darkness » ne s’en démarque pas trop, tout comme « Taken For A Fool » un peu plus loin, aux guitares bien senties et à la voix saturée juste ce qu’il faut. À propos, c’est Gus Oberg qui se charge de la production (il avait déjà collaboré avec Julian et Albert dans un passé récent).

L’autre changement marquant concerne la composition des morceaux puisque le chanteur ne se réserve plus systématiquement l’exclusivité de l’écriture. Ce dernier point s’est sans doute imposé de lui-même car il n’était pas présent en studio au moment d’entamer les sessions. Si certains titres n’auraient pu être enregistrés que par les Strokes (« Gratisfaction », « Metabolism » et le plus calme « Call Me Back » en tête), certains autres prennent une consistance assez inattendue, comme ce « Two Kinds Of Happiness » dont les couplets font très Tom Petty au milieu des années 80 ou ce « You’re So Right » à la voix trafiquée entourée de mélodies futuristes. Pointons également « Games », dont la ligne de basse rappelle furieusement celle du « Mirror Mirror » de Ghinzu. Mais le titre le plus abouti s’intitule « Life Is Simple In The Moonlight », qui clôture cet album de manière très travaillée. Si musicalement « Is This It » empruntait pas mal d’influences à Television, « Angles » s’imprègne plutôt de celles de Blondie, ce qui au final donne peut-être l’album le plus varié de la carrière des cinq New Yorkais.

Pays: US
RCA/Sony Music 88697 53472 2
Sortie: 2011/03/21

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