TROTZ ENSEMBLE – Love Is Strange [rough cut] OST
Qui ne connaît pas « Love Is Strange », ce morceau rhythm and blues du milieu des années 50 interprété à l’origine par le duo Mickey & Sylvia dont la popularité s’est étendue à de nouvelles générations suite à son incursion sur la B.O. du film Dirty Dancing. Les plus pointus auront également apprécié la délicate version acoustique qu’avait enregistrée Everything But The Girl avant qu’ils ne virent dance pop. Récemment, cette composition intemporelle a également servi d’inspiration au Trotz Ensemble pour sa dernière création en date, « Love Is Strange [rough cut] ».
Le collectif théâtral originaire d’Eupen relocalisé à Welkenraedt n’a cette fois pas fait les choses à moitié puisque deux artistes chevronnés ont été mandatés afin de réaliser la bande-son de ce spectacle qui décline l’amour sous ses formes les plus improbables. Ainsi, Yannick Franck, habitué de ce genre d’exercice et François Gustin (ex-Tellers, actuel Hallo Kosmo) ont accepté la mission dont le résultat est publié sur disque via le dynamique label indépendant bruxellois Spank Me More Records (Casse Brique, Le Double,…).
Mis à part la plage d’intro qui n’est autre que la version toute personnelle du classique mentionné plus haut, entre doo-wop dépressif et bubblegum glacial, les six autres titres sont des compositions originales, fruit de l’improvisation des deux compères qui ont clairement laissé libre cours à leur imagination artistique. Ils ne s’enferment donc dans aucun cliché, ce qui donne au final un disque disparate mais surprenant dans le bon sens du terme. On se balade donc entre un hypnotique « Fading Faces (Prishtina) » aux bruitages particuliers, un « The Warmer Place » que n’aurait pas renié New Order au moment de reprendre le flambeau de Joy Division et un glacial « The Night Of No Revenge ».
Mais c’est la seconde partie de la plaque qui s’avère la plus étonnante lorsqu’ils se prennent un trip à la EBM extrême (« Pressure ») avant d’en proposer une vision plus flippante (« Miracles ») ou expérimentale (« Beyond The Roof Of The Jungle »). En résumé, la bande sonore de « Love Is Strange [rough cut] » apparaît au moins aussi improbable que le thème mis en scène, mais elle a le mérite d’attirer la curiosité. En effet, on se demande de quelle manière les comédiens vont bien pouvoir communier avec cet environnement peu conventionnel. Le Trotz Ensemble ne serait-il pas en train de propulser le concept du spectacle vivant dans une autre dimension ? Quoi qu’il en soit, les ballets de Maurice Béjart appartiennent définitivement à une autre époque…
Pays: BE
Spank Me More Records SMM009
Sortie: 2011/01/24