HAWKWIND – Choose your masques
Hawkwind : l’histoire de ce groupe de space rock anglais, initiateur du genre dès la fin des années 60, est à peu près aussi longue et complexe que la Bible. La Bible est juste un tout petit peu plus courte. Hawkwind est de nos jours un des plus anciens groupes rock du monde, un des plus endurants et un des plus novateurs. Nous n’allons pas revenir sur les débuts de ce combo légendaire qui démarra sa carrière comme fer de lance de l’underground londonien et se distingua en créant un style de rock lourd cosmique, habité, visionnaire, qui allait devenir le space rock. Autre motif de gloire d’Hawkwind : ce groupe a possédé en ses rangs un bassiste du nom de Lemmy Kilmister, le futur leader de Motörhead qui y a ajusté ses riffs de basse brontosauriens entre 1971 et 1975.
Hawkwind connaît un âge d’or dans les années 70 avec quelques albums restés fameux : « In search of space » (1971), « Doremi fasol latido » (1972), « Hall of the mountain grill » (1974) ou « Warrior on the edge of time » (1975). Ces albums ont démontré qu’Hawkwind était un des maîtres incontestés du space rock mais également, à certaines occasions (le morceau « Urban guerilla »), l’un des inspirateurs du punk rock.
Vient ensuite l’époque Robert Calvert entre 1976 et 1978, une période où le maître incontesté d’Hawkwind, Dave Brock, accepte l’influence d’un musicien qui va orienter le groupe vers des sonorités plus new wave, au long des albums « Astounding sound, amazing music« (1976), « Quark strangeness and charm« (1977) et « PXR5« (1979). Hawkwind aborde les années 80 avec un line-up remodelé autour de Dave Brock (guitare et chant), Harvey Bainbridge (basse, claviers), Hugh Lloyd-Langton (guitare et chant) et Martin Griffin (batterie). C’est aussi l’époque où Hawkwind rompt son contrat avec Bronze Records et signe chez RCA. S’ensuit une nouvelle phase qui voit Hawkwind réaliser trois albums : « Sonic attack » (1981), « Church of Hawkwind » (1982) et « Choose your masques » (1982).
Ce dernier, comme ses prédécesseurs des années 80, a été réédité par le label Esoteric Recordings via sa filiale Atomhenge, dédiée à Hawkwind. C’est une belle occasion de redécouvrir ce que faisait Hawkwind à l’orée des années 80, à un moment où une bonne partie du public l’avait un peu perdu de vue. Le groupe est en fait toujours aussi actif et inspiré, creusant son sillon dans le genre dont il est un des créateurs exclusifs, le heavy space rock. Le titre introductif « Choose your masks » (à l’orthographe différente de celle du titre de l’album) contient la dose indispensable de grosses guitares et de rythmiques puissantes, avec une incontestable touche eighties. Tout de suite après, « Dream worker » décolle pour une expérience ambiante dans l’orbite géostationnaire, tandis que « Arrival in Utopia » rebranche les guitares et laisse filer la voix robotique typique de Dave Brock. Mais cela n’est rien à côté de la froideur cybernétique et inquiétante développée dans « Utopia », dégoulinant d’effets électroniques et marqué par la voix stroboscopique d’Harvey Bainbridge qui répète à l’infini un leitmotiv obscur. Le groupe formule également une nouvelle version de son vieux classique « Silver machine », lui apportant une touche intemporelle. Signalons encore un « Solitary mind games » très new wave et la chanson « Fahrenheit 451 » inspirée du fameux livre de Ray Bradbury et écrite par Dave Brock et Robert Calvert.
L’édition d’Esoteric Recordings possède également un second CD regorgeant d’inédits ou de prises alternatives, issus d’une session d’enregistrement ayant eu lieu à l’époque. Voilà qui enrichit un album déjà très intéressant qui convaincra les fans d’Hawkwind et particulièrement ceux qui connaissaient bien la période seventies du groupe, mais avaient peur de se lancer dans les œuvres ultérieures.
Pays: GB
Atomhenge ATOMCD 2026
Sortie: 2010/11/29 (réédition, original 1982/10)