DREAMEND – So I Ate Myself, Bite By Bite
Ryan Graveface est un bonhomme pour qui le repos semble avoir une signification abstraite. Jugez plutôt. Il fait d’abord partie de Black Moth Super Rainbow, un groupe à tendance psychédélique qui a sorti quatre albums entre 2003 et 2009. Parallèlement, il met sur pied un projet solo qu’il baptise Dreamend, avec lequel il se montre particulièrement prolifique, puisque le curieusement intitulé « So I Ate Myself, Bite By Bite » est déjà sa quatrième livraison sous ce pseudonyme. Lorsque l’on sait que le suivant est déjà dans le pipe-line et que tout ce qui a été mentionné jusqu’ici est sorti sur son propre label (Graveface Records), on imagine aisément que sa vie de famille doit se réduire à sa plus simple expression.
Mais ce citoyen de Chicago est aussi suffisamment intelligent que pour parvenir à décontenancer l’auditeur en évitant de se répéter. Pour preuve, la structure pour le moins bizarre qui caractérise son nouvel opus. Ce dernier débute avec un instrumental d’une insouciance digne d’un conte de fées (« Pink Cloud In The Woods ») et se clôture avec une excellente plage d’une dizaine de minutes au final psychédélique particulièrement allumé (« An Admission »), un peu comme si l’atmosphère idyllique du début s’était transformée en environnement cauchemardesque. Entre les deux, si l’on excepte un très country saloon « Interlude » qui tient plus d’un délire que d’un réel potentiel artistique, on se laisse emporter (et surprendre) par les chemins empruntés au fil des plages.
Ainsi, il passe d’un folk expérimental à la Flaming Lips (« Where You Belong », avec les effets sonores de rigueur) à la grâce d’une composition digne de Mercury Rev (« Repent ») quand il ne s’inspire pas d’un rock sous LSD du début des 70’s (« Magnesium Light », « Pieces »), le tout sans paraître trop décousu à l’oreille. Mais c’est surtout quand il s’oriente vers un format plus pop qu’il devient irrésistible (« A Thought », même si le morceau se termine dans un quasi-brouhaha, « My Old Brittle Bones » et ses changements de rythmes incessants). Il paraît qu’à ses débuts, Dreamend pratiquait un rock basé sur des guitares saturées. Quelque chose nous dit que l’évolution vers laquelle il se tourne aujourd’hui lui convient nettement mieux.
Pays: US
Graveface Records / Memphis Industries MI0161CD
Sortie: 2010/11/08