OVERDRIVE – Angelmaker
Petit flashback : en 1983 votre serviteur (moins enveloppé et beaucoup plus chevelu) ‘headbangait’ comme un damné au son du heavy métal suédois. L’année avait été plutôt bonne en matière de productions métalliques au pays de Bjorn Borg, d’Alfred Nobel et de Joey Tempest puisqu’elle avait vu la sortie de quelques classiques de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le heavy métal traditionnel. Au nombre de ceux-ci, on pouvait compter le « Stronger Than Evil » d’Heavy Load, le « Torch » de Torch, le « Lord Of The Flies » d’Axewitch, et le « Metal Attack » d’Overdrive. Les plus jeunes d’entre vous n’ont probablement jamais entendu parler de ces albums, ni même de ces groupes. Et pour cause : tous avaient disparu de la circulation dès 1985. Overdrive, par exemple, avait enregistré un second opus intitulé « Swords & Axes » en 1985, mais le groupe s’était séparé peu après sa sortie.
Imaginez donc la surprise qui est la mienne lorsqu’en ouvrant mon courrier, je découvre un CD promotionnel flanqué d’un logo ‘Overdrive’ identique à celui de mon vieux « Metal Attack » de 83. Un coup d’œil à la bio me confirme que, mis à part Per Karlsson, le nouveau vocaliste qui a intégré le line-up à sa reformation en 2003, il s’agit exactement du même groupe.
En 2006, un show au Sweden Rock Festival et un EP autoproduit (« Resurrection »), sur lequel figurent quelques réenregistrements de titres des eighties par le nouveau vocaliste, permettent à Overdrive de décrocher un contrat avec le label finlandais Lion Music. « Let The Metal Do The Talking« , la première sortie du groupe après 24 années d’absence apparaît en janvier 2008 chez les disquaires japonais et européens. Le groupe fait encore quelques apparitions scéniques, notamment sur la tournée d’autres ressuscités : les Anglais de Tokyo Blade.
Trente années après sa formation (NDR : qui date de 1980), Overdrive publie son quatrième album intitulé « Angelmaker ». Un titre choisi d’après le sobriquet donné en Suède à de terrifiantes bonnes-femmes dont le ‘métier’ consistait à éliminer par noyade des enfants illégitimes. D’après les informations historiques fournies par la bio du groupe, la dernière de ces horribles mégères aurait été condamnée en 1920.
Bonne nouvelle : Per Karlsson chante bien mieux que son prédécesseur (Pelle Thuresson) qui, il faut bien l’avouer, était parfois un peu limite question justesse. Technologie oblige, le son est bien plus percutant que dans les eighties et, de ce point de vue, Overdrive n’a pas grand-chose à envier aux formations plus récentes. Au niveau des compositions, par contre, le Overdrive de 2011 n’est pas vraiment différent de celui de 1983. « Angelmaker » flirte sans honte avec l’esprit ‘bon enfant’ et sans prétention du métal des eighties. Un chant haut perché, des riffs couillus et des soli mélodiques balancés au rythme d’une batterie simple mais efficace ; à l’époque, il ne nous en fallait pas plus pour être heureux. Les noms de Judas Priest, Accept et Pretty Maids viennent naturellement à l’esprit lorsque l’on survole les douze plages de l’album.
La petite surprise sympathique provient de la reprise du hit « I Know There Is Something Going On » de Frida (NDR : l’une des deux chanteuses d’ABBA). Ce titre, composé à l’origine par Russ Ballard, prend ici une couleur bien plus heavy que la version A.O.R. originale.
Un peu trop solidement ancré dans le style qui avait fait son succès dans les années quatre-vingt, Overdrive aura peut-être du mal à convaincre les plus jeunes du bien-fondé de sa reformation. Dommage pour eux, tant mieux pour nous les croulants. Un disque réservé aux nostalgiques et conseillé à tous les amateurs de métal traditionnel.
Pays: SE
Lion Music LMC297 / Bertus
Sortie: 2011/01/24