CROWBAR – Sever The Wicked Hand
Pour Kirk Windstein, ce nouvel album de Crowbar est une double réussite. Une réussite personnelle en premier lieu puisque, d’après ses propres propos, c’est la première fois qu’il enregistre un disque sans être sous l’influence de la drogue ou de l’alcool. Le titre de l’album n’a d’ailleurs pas été choisi par hasard : « Sever The Wicked Hand » (NDR : ‘Tranche La Main Malfaisante’) est une métaphore exprimant son besoin de se détacher de tout ce qui était négatif dans sa vie. Le chanteur/guitariste a renoncé à ses addictions depuis le mois d’août dernier. Et, bien qu’avouant avoir été un peu effrayé par l’expérience, Weinstein reconnaît que le fait de composer et d’enregistrer à jeun a été une expérience agréable. Les paroles de « Sever The Wicked Hand » sont d’ailleurs les plus personnelles qu’il ait jamais mises en boîte.
Une réussite musicale ensuite puisque Crowbar s’est efforcé de placer la barre assez haut pour ne pas décevoir un nouveau public potentiel. Le groupe New-Orléanais a, en effet, été cité par de jeunes formations à succès telles que Chimaira et Killswitch Engage comme une influence majeure. Ce statut de groupe culte n’a pas manqué d’attirer sur le groupe l’attention d’un public plus jeune.
Bien sûr, Crowbar n’a pas attendu cette reconnaissance de la scène métalcore pour manifester son talent. Windstein forme le groupe en compagnie de Jimmy Bower (Eyehategod) en 1989. Alors que le monde entier slame encore au son du trash métal, les deux compères, grands amateurs du doom de Black Sabbath et de St Vitus, se mettent en tête de revenir à une musique aussi pesante que violente. Leur idée première est de combiner la lourdeur des Melvins à l’agressivité de Carnivore (NDR : le premier groupe du regretté Peter Steele (Type-O-Negative). Le premier album intitulé « Obedience Thru Suffering » est publié en 1991. La presse invente le terme doom-core pour labelliser ce style où les guitares pachydermiques sont combinées à une voix hurlée hardcore. Crowbar publie huit albums entre 1991 et 2005. Il devient l’un des fers de lance de la scène sludge métal New-Orléanaise. Bower quitte le groupe en 1998. Il retrouve cependant Windstein lors de leurs escapades communes au sein de Down, le ‘supergroupe’ qu’ils partagent avec Phil Anselmo (ex-Pantera, Superjoint Ritual), Pepper Keenan (Corrosion Of Conformity) et Rex Brown (ex-Pantera, ex-Crowbar). La dernière de ces escapades de Down est couronnée de succès. Elle se termine l’année dernière par la publication d’un superbe CD/DVD live intitulé « Diary Of A Mad Band – Europe In The Year Of VI« .
Six ans après la sortie du dernier opus de Crowbar « Lifesblood for the Downtrodden », Windstein est enfin de retour au bercail. Débarrassé de ses addictions, il entre en studio en compagnie de Patrick Bruders (basse) et Tommy Buckley (batterie) (NDR : qui étaient déjà présents sur le DVD « Crowbar : Live With Full Force » sorti en 2007). Matthew Brunson, le nouveau six-cordiste, est le guitariste live de Kingdom Of Sorrow, ce ‘side-project’ doom/sludge/metalcore que partage Windstein avec Jamey Jasta, le chanteur de Hatebreed.
Inutile de dire que, mené par un leader gonflé à bloc, Crowbar tue. Le retour est carrément fracassant. Les rythmiques, plus grasses et pesantes que jamais, sont mises en valeur par un son ultra puissant. Le chant hardcore écorché de Weinstein fait passer Phil Anselmo pour un petit chanteur à la croix de bois. Il n’y a absolument rien à jeter sur cet album dont les 52 minutes passent à une vitesse incroyable malgré la lenteur suffocante du tempo. L’un des meilleurs albums de Crowbar, assurément.
Pays: US
Century Media
Sortie: 2011/02/14