SOUL MANIFEST – White Season
Le revival du rock psychédélique a souvent été une affaire de ‘gens du nord’. Depuis quelques années, une pléthore de combos suédois et norvégiens ont entrepris de faire revivre le meilleur de la musique des seventies en s’inspirant du son de Black Sabbath, de Deep Purple, de Blue Cheer, de Grand Funk, de Mountain ou de Sweet. C’est le cas, par exemple, des excellents Witchraft, de Crystal Caravan, de Brutus, de Spirit Of The Dead ou encore de Graveyard.
Soul Manifest lui aussi vient du nord. Le Nord-Pas-de-Calais, c’est le nord non ? Et, à l’instar de ses collègues scandinaves, le groupe lillois offre une petite cure de jouvence au hard rock psychédélique (Hard Rock Ch’tiquédélique ?) des seventies.
Soul, Stodguy et Osc Art sont des anachronismes vivants. Difficile de croire qu’ils n’ont formé Soul Manifest qu’en 2008. En écoutant « White Season », on a plutôt l’impression d’être tombé sur une perle oubliée. Imaginez : en fouillant le grenier de votre grand-mère, vous tombez par hasard sur un vieux 33 tours. Un vinyle crasseux laissé derrière lui par votre oncle alors qu’il quittait le domicile familial pour voler de ses propres ailes. Intrigué par l’étrange pochette et poussé par la curiosité, vous l’emportez chez vous pour le tester sur votre platine 33 tours à port USB flambant neuve. Et là, paf ! Ouille ! Ça fait mal ! Vous venez de recevoir une petite claque artistique sur votre oreille incrédule. Bouche bée, vous arrivez à articuler : ‘Purée, ils savaient quand même faire de la bonne musique ces vieux cons !’
Comme ses aînés l’ont fait il y a quatre décennies, Soul Manifest triture le blues et le rock à grand renfort de guitares heavy et d’ambiances psychédéliques. Un clavier au son vintage apporte cette touche authentique qui évoque immédiatement Jon Lord de Deep Purple ou plutôt Ken Hensley d’Uriah Heep. L’intro du titre « Devil’s Meeting » ne ferait probablement pas tache sur le « Look At Yourself » du Heep.
Le chant, quant à lui, est carrément superbe. Il tient de Robert Plant (Led Zeppelin) et de Dave King qui, pour ceux et celles qui s’en souviennent encore, était dans les années quatre-vingt, le vocaliste de Fastway, ce ‘super-groupe’ formé par ’Fast’ Eddie Clarke (Motorhead) et Pete Way (UFO).
Les moments les plus forts de « White Season » sont probablement « All But My Dreams Can Be Erased By The Rain », un titre rapide au refrain entêtant, ainsi que le superbe « The Light » qui, en presque dix minutes ballade l’auditeur entre progressif et psychédélique grâce, notamment, au renfort d’une superbe voix féminine et à des expérimentations sonores diverses (NDR : on croirait, par moment, entendre le son d’un didgeridoo aborigène australien ou d’un tongqin tibétain).
Insérer « White Season » dans un lecteur CD (NDR : ou le poser sur une platine, puisqu’il est aussi sorti en édition limitée au format LP), c’est s’offrir un minitrip spatio-temporel dans l’Angleterre des années 70. L’aventure vous tente ? Foncez. Vous ne serez pas déçus !
Pays: FR
Night Tripper Records NTR001
Sortie: 2011/01/15