MURDER – Gospel Of Man

Malgré un nom à consonance sanglante et violente, Murder est un groupe tout ce qu’il y a de plus calme et délicat. Originaire de Copenhague, ce duo composé de Jacob Bellens et d’Anders Mathiasen a pas mal mûri depuis « Stockholm Syndrome« , l’album qui les a révélés en 2007. Ils doivent en tout cas une fière chandelle à Stuart Staples, le leader des Tindersticks, qui les a invités à ouvrir pour la tournée européenne de son groupe en 2008. Mais il n’est pas le seul à avoir craqué pour le folk mélancolique distillé par le combo danois. David Fricke, chroniqueur influent du respecté magazine Rolling Stone, les a également encensés tandis qu’une kyrielle d’invités ont répondu présents pour participer à l’enregistrement de « Gospel Of Man », leur nouvelle plaque.

Il ne faut pas non plus trop se fier au titre puisqu’on est loin des chants religieux apparus au début du XXe à travers les États-Unis. Quoi que, les voix des deux chanteurs sont particulièrement bien mises en avant et forment un tout indissociable avec des arrangements classiques élégants et recherchés, comme en témoigne le très beau « Milk & Honey », aux harmonies vocales dignes de Simon & Garfunkel. Sur « Providence », des coups de batterie retenus attirent l’attention car ils sont excessivement rares sur ce disque, et paraissent de plus presque superflus. En effet, l’univers de Murder se passe volontiers de rythmes métronomiques et privilégie des instruments à vocation plus rêveuse (le piano et les cordes de « Picker Of Cotton » prennent littéralement aux tripes alors que l’environnement de la pièce centrale qu’est « Ember Song » est à deux doigts de flirter avec la magie de The National).

S’il est vrai qu’un titre comme « Aqueduct » rappelle Johnny Cash (surtout la manière de chanter), il serait réducteur de s’en tenir à cette unique comparaison. « Drawn In The Dirt », par exemple, plonge dans des racines country bien plus profondes (il est parfois difficile de croire qu’ils sont Danois). Quant à « Supervalu », il fait plutôt penser au gentil Nicolai Dunger. D’ailleurs, si l’on excepte un troublant « No Room For Mistakes » (de nouveau ces arrangements classiques plein de grâce), la fin de la plaque se traîne quelque peu en longueur. « Gospel Of Man » ne va sans doute pas permettre à Murder de détruire tout sur son passage, mais les mélomanes avertis y trouveront de quoi satisfaire leurs oreilles exigeantes.

Pays: DK
Good Tape Records GOOD010-1
Sortie: 2011/01/17