CD/DVDChroniques

MACHIAVEL – Mechanical Moonbeams

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Un an après la réalisation de « Jester » (1977), qui avait installé le groupe dans le paysage rock belge en confirmant leur talent, paraît « Mechanical Moonbeams », le 3e album de Machiavel. Alors que « Jester » avait été très bien accueilli par la critique et le public belge, ce 3e album sera celui de la consécration et générera d’ailleurs un disque d’or, ce qui produisait à l’époque dans le monde du rock belge le même effet que celui que déclencherait aujourd’hui une affiliation de Bart De Wever au FDF.

« Mechanical Moonbeams » frappe d’entrée de jeu par la maturité musicale acquise par le groupe en une année et par un excellent son, assez sensiblement meilleur que celui de son prédécesseur, l’album ayant été enregistré au Studio Katy dans la banlieue bruxelloise, studio réputé dans lequel Marvin Gaye enregistrera par ailleurs son album « Midnight love ».

Le style Machiavel apparaît ici dans toute sa splendeur et le 1er titre « Beyond the silence » le confirme d’emblée : rythme dynamique, variations de tempi, mélodies substantielles, le prog de machiavel est travaillé, inspiré et se partage entre énergie et parties instrumentales fines et subtiles, durant lesquelles le jeu de guitare de Jean-Paul Devaux et les claviers d’Albert Letecheur s’imbriquent mutuellement avec bonheur et complicité. Tout le talent « machiavélique » révélé dans « Jester » se trouve confirmé ici avec un savoir-faire supérieur. « Mechanical Moonbeams » regorge de réussites, délivrant un hit avec « Rope dancer », un slow à la mélodie puissante porté avec brio par la voix de Mario Guccio et une instrumentation sobre très en place, et surtout « After the crop », un long morceau en crescendo avec une progression imparable, qui sera leur « Stairway to heaven » à eux. Ce titre, en 3 mouvements, débute avec une splendide guitare acoustique et le chant tout en finesse de Guccio, les claviers et la rythmique s’ajoutant progressivement de plus en plus fort pour arriver à un rythme hard qui démontre une fois de plus toute la maestria de Devaux à la guitare. On y décèle aussi que le chant de Guccio est moins convaincant dans les parties hard, forçant sa voix dans un registre qui n’est pas le sien. Suit « Mary », autre morceau calme et sobre mais très beau, encore régulièrement joué live aujourd’hui et chanté par Marc Ysaye si je ne m’abuse.

Les autres titres n’ont pas à pâlir de leur proximité avec ceux précités, « Summon up your strenght » porte bien son titre et abonde de dynamisme, « Rebirth » joue pas mal sur des climats variés, « The fifth season » est un autre crescendo. Deux bonus tracks en plus de l’édition originale complètent l’album : « Wind of life », plus faible que ses congénères de l’album, paru sur une compilation réalisée à l’époque et intitulée « Sprouts » qui regroupait une série de titres de groupes rock belges, est construit en 2 parties distinctes, tandis que « I’m not a looser », en fait une démo, est plus rock et préfigure déjà ce que sera le Machiavel des années 80.

« Mechanical Moonbeams » a donc marqué l’apogée de Machiavel en tant que groupe, provoquant un retentissement certain dans la sphère progressive de l’époque en Belgique bien sûr, mais en France et aux Pays-Bas aussi – Arjen Lucassen, par exemple, connaît bien et apprécie cet album. Les compositions y sont fortes et la mise en place impeccable, les musiciens jouent brillamment, spécialement Devaux et Letecheur. Après cet album, alors que le punk venait juste de bousculer le paysage audio-visuel rock, Machiavel adoptera une nouvelle ligne stratégique provoquant les départs de Devaux et Letecheur et s’orientera vers un rock FM plus formaté, plus porteur en ces temps de chamboulement musical de la fin des seventies. En cela, le destin de Machiavel suit celui de Genesis, qui, après le départ de Peter Gabriel et Steve Hackett, s’orienta aussi, avec plus de succès sur le plan des ventes, vers un rock pop FM, certes plus sophistiqué que la moyenne, mais en deçà des sommets musicaux atteints dans son existence « gabrielo-hackettienne ».

Musiciens :

  • Mario Guccio – chant
  • Albert Letecheur – claviers
  • Roland De Greef – basse
  • Marc Ysaye – batterie et chant
  • Jean-Paul Devaux – guitares

Liste des morceaux :

  1. Beyond the silence 6:12
  2. Summon up your strenght 5:07
  3. Rope dancer 3:40
  4. Rebirth 7:15
  5. After the crop 7:56
  6. Mary 4:09
  7. I’m not a loser 5:43

Pays: BE
Esoteric Recordings ECLEC 2225
Sortie: 2010/10/25 (réédition, original 1978)

One thought on “MACHIAVEL – Mechanical Moonbeams

  • Marrant qu’Eric écrive ça ! J’y ai pensé à de multiples reprises en entendant Marc Ysaye parler de l’évolution de Genesis: Machiavel a suivi exactement le même chemin. Parfaitement d’accord, donc!

Laisser un commentaire

Music In Belgium