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HERE & NOW – Give and take

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On a coutume de concevoir l’année 1977 comme le moment où le punk rock a bousculé toutes les valeurs du rock jusque-là acceptées et a renvoyé aux oubliettes le rock progressif technocrate, la west coast niaise ou les hippies empestant le patchouli. Pourtant, c’est encore en 1977 que les Eagles dominent les charts mondiaux avec leur « Hotel California », que Fleetwood Mac vend des avions-cargos entiers de son album « Rumours », qu’Abba ou les Shadows dictent leurs lois avec des albums best of déferlant sur les ondes ou que le disco règne sans partage sur les pistes de danse. Aux yeux de la pop music, l’émergence du punk est encore un épiphénomène qui n’a pas une influence immédiate sur le grand public. Il y a pourtant à la marge du punk certains groupes difficilement classables, évoluant à la fois dans le rock progressif, le space rock ou la new wave et faisant montre d’un esprit suffisamment improbable et frondeur pour être également associé au punk. S’il ne devait rester qu’un seul groupe répondant à ces critères, ce serait bien Here & Now.

Ce groupe britannique fondé en 1975 au moment du premier festival gratuit de Watchfield (subventionné par le gouvernement : vous imaginez un truc pareil de nos jours ?) était en fait très peu porté sur le show-business et avait été sorti de l’underground par son association avec les célèbres space-rockers de Gong. Keith Dobson (batterie), Twink electron Flo (synthés, remplacé par Gavin « da Blitz » Allardyce), Steffe Lewry, alias Steffe Sharpstrings (guitare et chant), et Keith Bailey (basse) se lancent dès les premiers moments de leur existence dans une tournée française en 1976. Lorsqu’ils reviennent en Grande-Bretagne en 1977, c’est pour découvrir une scène punk en pleine ébullition. Mais Here & Now, isolé en France, n’a pas développé une inspiration punk. Il est encore très attaché au space rock de Gong et d’Hawkwind, avec une sérieuse propension à l’anarchie.

C’est ce mélange peu commun que l’on retrouve sur leur premier album « Give and take » de 1978, réalisé sur le label Charly. Ce disque pourrait être considéré comme un exemple quasiment unique au monde de punk progressif. Progressif car certains morceaux de Here & Now ne descendent pas en dessous de 15000 mètres (« What you see is what you are », les 11 minutes d’« Improvisation »), et punk car le groupe est capable de développer des rythmiques agressives et rapides toujours marquées par une dimension spatiale (« This time » qui semble être un inédit des Talking Heads). On trouve également de fortes influences Gong (l’extraordinaire « Grate fire of London ») ou des ambiances pesantes dominées par les synthétiseurs (« 70s youth »).

Here & Now sort également un EP la même année, avec trois titres ne figurant pas sur l’album. Entre le reggae blanc nerveux de « Dog in hell », la frénésie sonore de « Floating anarchy radio » et les litanies insensées et électriques d’« Addicted », on a encore un bel échantillon du talent de Here & Now. Ces morceaux figurent sur la réédition faite par Esoteric Recordings, qui publie également le deuxième album du groupe pour Charly, le live « All over the show«  de 1979. Ces deux disques sont une superbe occasion de découvrir un groupe passé à travers le succès à l’époque, bien que bourré de talent et d’idées.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2222
Sortie: 2010/09/27 (originalement 1978)

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