MAJESTIC – Ataraxia

Créé en 2004 par le multi-instrumentiste américain Jeff Hamel, le projet Majestic réalise ici son 4e album en moins de 3 ans, le 1er d’entre eux, « Descension », ayant vu le jour en janvier 2008. C’est dire le côté prolifique de ce compositeur, quoique Majestic ne semble pas hanter les routes et les salles de concerts, ne donnant à ma connaissance pas de concerts ou alors très exceptionnellement, ceci laissant le temps à cela. Jeff Hamel nous gratifie donc d’un album « cinéma » (les musiciens ne sont pas en contact direct avec le public), par opposition à un album « théâtre » (musiciens en contact direct avec le public).

Un morceau d’intro (« Disarray »), qui en constitue vraiment une (bruitage, atmosphère progressive), sert de marchepied au second titre, « Faceless » qui démarre de façon assez hard, freine par après sur un break cool atmosphérique et repart ensuite avec le chant féminin de Jessica Rasche, hélas noyé dans la musique. Bien que Jeff Hamel soit influencé par les poncifs que sont les Yes, Genesis, Porcupine Tree, Deep Purple, Ayreon, Riverside et autres Dream Theater et qu’il « adore la complexité et la dimension dramatique de cette musique progressive », force est de constater que ces influences sont loin d’être criantes (sauf peut-être pour Porcupine Tree et Riverside, mais cela reste très relatif) dans le rendu des compositions ici présentées, et que c’est bien une coloration atmosphérique qui prédomine dans cet album, alternant avec des passages plus rythmés, comme l’illustre le long (plus de 14 minutes) « Takes my breath away » ou encore « Reflections ». En fait, l’architecture des morceaux s’articule souvent sur de longs développements redondants principalement portés par les claviers, qu’ils soient atmosphériques ou plus soutenus, tels ceux que l’on retrouve par exemple dans le second mouvement de « Wither », qui intervient après une belle intro d’obédience classique, avant de déboucher sur d’autres mouvements et terminer sur une note à nouveau plus classique.

« Delusion » est scandé quant à lui sur un rythme funky. Le chant continue d’être intégré dans l’ensemble, comme si sa fonction première est d’être une composante musicale parmi les autres instruments, plutôt que de livrer et/ou raconter un message, une histoire, un vécu. Les paroles mélancoliques et vaguement existentielles ne sont pas inoubliables.

Avec son titre, « Astral Dream » ne peut que se poser en paradigme du côté atmosphérique présent dans « Ataraxia », du moins dans sa 1re moitié, le noyau central étant aussi plus enlevé, pour terminer sur des nappes de claviers intersidéraux. Par contre, « Numb » nage complètement dans les atmosphères cool, sans heurts, très zen. « Star bound » est entraînant et très groovy, avec la voix de Rasche plus présente, probablement le meilleur titre de l’album, avec « Dance of the elders » qui se situe dans la même veine, quoiqu’essentiellement porté par la guitare, assez heavy ici.

Au final, un album généreux (11 titres et 78 minutes), au son globalement feutré, à dominante atmosphérique sur des rythmes variés, parfois heavy. Un bon album, un de plus, d’un multi-instrumentiste doué, un de plus, qui nous offre des compositions qui tiennent bien la route mais qui ne verront jamais la scène, une fois de plus. Jeff Hamel est sans doute intrinsèquement plus un compositeur qu’un musicien.

« Ataraxia », un disque sympa, qui, assorti d’un bon verre de vin et d’un fauteuil confortable, peut constituer une combinaison gagnante un de ces prochains soirs, bien au chaud en ces froids hivernaux.

Musiciens :

• Jeff Hamel – guitares, claviers, basse, choeurs
• Jessica Rasche – chant
• Chris Nathe – batterie
  Guests :

• Jerry Swan – basse (5)
• John Wooten – batterie (6, 8)
• Gregg Johns – guitares, talkbox (10)
• Jeremy Hamel – guitares (11)

Liste des morceaux :

1. Disarray 3:02
2. Faceless 7:57
3. Wither 9:23
4. Star Bound 4:43
5. Numb 4:05
6. Astral Dream 7:38
7. Delusion 4:06
8. Dance of the Elders 8:18
9. Takes My Breath Away (2010) 14:14
10. Altered State 9:43
11. Reflections 5:14

Pays: US
Mals Records MALS 363
Sortie: 2010/11/15