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PRETTY THINGS (The) – Parachute

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Groupe hautement respectable dans l’histoire du rock anglais, les Pretty Things ont toujours été tout proches de devenir des stars mais ont toujours raté le coche de très peu. Ils ont pourtant un impressionnant nombre de titres de gloire. Ils furent par exemple l’un des tout premiers groupes à pratiquer ce qui deviendra le hard rock, avec des titres de R ‘n’ B saignant comme « Rosalyn » ou « Honey I need » en 1964. Les Pretty Things étaient à ce moment-là dans la roue arrière des Rolling Stones, chez qui leur leader Dick Taylor avait d’ailleurs commencé avant de quitter la bande de Keith Richards. Un peu plus tard, à la fin des années 60, les Pretty Things sentent venir le vent du psychédélisme et réalisent en 1968 ce qui est considéré comme le tout premier rock-opéra de l’histoire, « S.F. sorrow », avant que les Who ne viennent leur piquer l’idée avec « Tommy » et récoltent les lauriers à leur place. Il est clair que durant les Sixties, les Pretty Things ont été un groupe majeur, à ranger parmi les Stones, Animals ou Yardbirds, une alternative idéale à la fameuse question « Beatles ou Rolling Stones? ». À l’orée des années 70, les Pretty Things doivent aborder la difficile transition entre la fin de l’ère psychédélique et le début d’une ère qui voit le rock en pleine mutation.

C’est précisément à cette époque que Dick Taylor quitte le groupe pour travailler en tant que producteur et c’est Vic Unitt (ex-Edgar Broughton Band) qui assure son remplacement. Sans Dick Taylor, le groupe est quand même capable de mettre sur pied un autre grand album en 1970 : « Parachute » sera considéré par le magazine Rolling Stone comme le meilleur album de l’année, ce qui ne l’empêchera pas de ne pas se vendre. « Parachute », qui sort en juin 1970, est un peu le « White album » ou le « Abbey Road » des Pretties, alors que « S.F. Sorrow » en était le « Sergeant Pepper ». Enregistré aux studios d’Abbey Road, avec le producteur des Beatles Norman Smith, le disque offre à plusieurs occasions des points de comparaison avec ses illustres modèles. « The good Mr. Square » met en œuvre des harmonies vocales similaires à « Because » des Beatles. Puis le groupe assemble une suite de trois chansons courtes « In the square », « The letter », « Rain », qui rappellent celles de la face 2 de « Abbey Road », avec en prime un « Cry from the midnight circus » proche de « Come together ». Le chant du bassiste Wally Allen sur « Sickle clowns » dégage la même angoisse que celui de John Lennon sur « Yer blues » ou « Happiness is a warm gun ».

Le chanteur Phil May et Wally Allen qui ont écrit « Parachute » se surpassent et offrent à l’auditeur un album varié, tendu, revenant des illusions psychédéliques et prêt à affronter la froide réalité des années 70 et son heavy métal naissant. L’album porte un concept et parle de la dualité de la vie rurale face à la vie urbaine. Telle une grande promenade dans des ambiances douces (au début de l’album) laissant peu à peu la place à la dureté des sons, « Parachute » est un véritable concept-album, un autre chef-d’œuvre oublié d’un groupe toujours à deux doigts de décrocher sa place au sommet et retombant inexorablement dans les profondeurs. « The good Mr. Square/Blue serge blues », « October 26/Cold stone » et « Stone-hearted mama/Summertime/Circus mind », les trois 45 tours qui sortent sur Harvest (le label qui a signé les Pretty Things pour « Parachute ») avant ou après la sortie de l’album ne connaissent pas plus de succès que le LP lui-même.

Quarante ans ont passé et il est plus que temps de redécouvrir cet album magnifique, injustement sous-estimé ou trop vite oublié. Il suffit pour cela de se précipiter sur la très belle réédition de luxe mise sur le marché par le label Snapper Music, qui rassemble les titres de l’album « Parachute » et un CD bonus comprenant les faces B inédites des 45 tours et des réenregistrements acoustiques de certains titres.

Pays: GB
Snapper Music SMACD964
Sortie: 2010/09/20 (réédition, original 1970)

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