WEEZER – Hurley

Au rythme d’un album par an depuis 2008, la productivité de Weezer n’a jamais été aussi soutenue. Cela dit, depuis « Raditude » l’an dernier, un changement majeur est apparu. Le groupe de Rivers Cuomo a en effet quitté la maison de disques qui était la sienne depuis ses débuts (Geffen) pour signer avec le légendaire label indépendant Epitaph, réputé pour distribuer des artistes punk, métal ou hardcore. Rassurons d’emblée les fans, le son du groupe n’a pas radicalement changé, même si les guitares ont été davantage mises en avant, comme sur « Memories », l’efficace single avant-coureur, qui comprend dans les chœurs l’équipe du film Jackass 3. Ce titre figurera d’ailleurs au générique final des dernières aventures des allumés américains.

Il ne s’agit toutefois pas de leur seul clin d’œil au septième art, puisqu’ils ont choisi la photo d’un acteur (Jorge Garcia) pour illustrer la pochette de leur huitième album et son surnom (« Hurley ») dans la série télévisée Lost en guise de titre. N’empêche, on a l’impression qu’ils ont retrouvé la fougue de leurs débuts, comme en témoigne l’énergique « Ruling Me », « Where’s My Sex? qui fait penser à du Offspring en plus pop et « Smart Girls », titre power pop sautillant. À côté de cela, des moments plus légers jalonnent ça et là la plaque, à l’instar du dispensable « Trainwrecks » ou de « Hang On » (qui fait très Killers), auquel on a du mal à joindre un « Unspoken » à moitié réussi (les arrangements sont entêtants mais la voix à la limite de la justesse laisse à désirer).

Au rayon des invités, signalons la présence de Ryan Adams dont la guitare amène une plus-value au très bon « Run Away » ainsi que Linda Perry, l’ex 4 Non Blondes qui cosigne un étonnamment soutenu « Brave New World » avec Rivers Cuomo. Ce dernier a d’ailleurs compris depuis quelques albums qu’il était bon de ne plus exercer de monopole concernant l’écriture des morceaux. Conseil consommateur, mieux vaut ne pas trop traîner pour se procurer le disque car le premier pressage comprend quatre bonus dont un titre interprété dans un épisode du programme télévisé pour enfants Yo Gabba Gabba! (« All My Friends Are Insects »), une surprenante cover du « Viva La Vida » de Coldplay ainsi qu’une version nerveuse de « Represent », un single enregistré à l’occasion de la récente Coupe du Monde. Autant le décevant « Raditude » nous laissait perplexe quant à l’avenir de Weezer, autant ce « Hurley » nous démontre, au contraire, qu’un nouveau chapitre de leur déjà longue carrière est en train de s’écrire…

Pays: US
Epitaph 7131-2 / Pias
Sortie: 2010/09/13