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DIDDLEY, Bo – Live in Eighty-Five

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Ellas Otha Bates, alias Ellas McDaniel, alias Bo Diddley est né en 1928 au Mississippi. À partir de 1935, il vit dans un ghetto Noir de Chicago, pauvre, crasseux et mal famé. Dans des conditions difficiles, il parvient à développer et exploiter sa passion pour la musique, en dépit d’autres activités parfois risquées pour la pratique d’un instrument (la boxe par exemple). Il avait débuté par le violon avant de passer à la guitare.

Parti du Blues, il fait partie des précurseurs qui ouvrent la voie au Rock & Roll d’abord, au Funk ensuite, en passant par les différents stades intermédiaires. Chacun d’eux, bien assimilé, constituera l’originalité de son style. Les apports Africains, les rythmes syncopés, le jeu de guitare rude et la voix rêche resteront sa marque de fabrique. Comme ses frères de race Muddy Waters, Johnny Lee Hooker, Robert Johnson, Willie Dixon, Fats Domino, Chuck Berry et quelques autres, il devient progressivement une référence pour plusieurs générations d’artistes d’horizons parfois très différents, en majorité de race blanche. Parmi ceux-ci, il faut citer Elvis Presley, Buddy Holly, Rolling Stones, Kinks, Animals, Them, Pretty Things, Doors, Quicksilver Messenger Service, Clash, New York Dolls, Steve Vai, … Source d’inspiration constante, son style de jeu est imité et nombre de ses compositions reprises, malheureusement pour son portefeuille, souvent à titre gratuit. À défaut de faire sa fortune, ils consolident dans le temps sa gloire et sa réputation. Il décède en 2008.

Ce concert enregistré en Californie en 1985 permet de l’entendre avec quelques célébrités d’univers différents (voir détail ci-dessous). Tous ont une admiration pour l’homme et son génie artistique.

De sa génération, de deux ans son aîné, Chuck Berry est un cas particulier. C’est d’abord un ami véritable. Ensuite, comme lui, il fait partie des initiateurs du Rock & Roll, des anciens de l’écurie des frères Chess et de ses « cocus magnifiques » au niveau financier. À l’opposé, la voie du succès aidant, il est resté ancré dans le Rock & Roll, développant un style immédiatement identifiable, fluide, rapide, nerveux et sans fioriture. Comme d’habitude lorsqu’il participe à un événement du genre, il amène des compositions personnelles, autant prisées par le public que par l’hôte. Un de ses derniers succès présentés ici, « My Ding-A-Ling », date de 1972 et « Rock & Roll Music » constitue le final idéal. Contrairement aux autres artistes de renom présents à l’affiche, il reste naturel et sans complexe, sur un strict pied d’égalité avec son ami, mais un bon cran au-dessus des autres.

Autre cas particulier, Ron Wood est un admirateur sincère et inconditionnel depuis toujours. Il l’accompagne dès qu’il en a le temps et l’occasion, et cela même avant son entrée dans les Rolling Stones. En conséquence, il connaît plus profondément l’homme et l’artiste que ses autres partenaires du jour. Après cette réunion, il poursuivra cette relation de nombreuses années encore.

Ces deux-là exceptés, la participation réelle des autres est parfois difficile à estimer. Les guitaristes sont nombreux, mais n’interviennent pas toujours ensemble. Chacun met son petit grain de sel, son riff ou son solo. S’il y a parfois encombrement, l’ensemble ne donne pas mal ; même constatation pour les bassistes et les batteurs qui se fondent plus encore anonymement dans les différentes pièces. Pour les claviers, c’est autre chose. À l’avant-plan, ils constituent le socle réel de la formation. Composée de personnalités reconnues, ayant accompagné les plus grands, la section de cuivre est impressionnante lorsqu’elle est active. L’harmonica est un autre délice, trop peu utilisé.

La majorité des titres joués sont des classiques créés et enregistrés par le maître de cérémonie dans les années cinquante, maintes fois repris depuis et connus, peut-être même sans le savoir, de tout amateur de Rock qui se respecte. Seul titre contemporain au concert, « Bo Put the Rock in Rock & Roll » intègre tous les canons du style Diddley et ne dépareille en rien le répertoire.

En conclusion, cette prestation de 1985, déjà publiée sous d’autres formes dans le passé, permet de passer un bon moment autour d’un répertoire intéressant interprété par des acteurs réputés. Pourtant, si ces versions plus enrobées tiennent globalement bien la route, la réécoute des originales s’impose. En complément, les albums « Bo Diddley » (1957) et « Go Bo Diddley » (1959) sont à recommander. Ils viennent d’ailleurs d’être réédités en un seul CD, avec quelques bonus intéressants en prime. En outre, de nombreuses reprises et adaptations de ses titres effectuées par la suite sont tout aussi indispensables.

Les titres (46’31) :

  1. « I’m a Man » (McDaniel)(3’11)
  2. « Bo Diddley » (McDaniel)(3’26)
  3. « I’m a Man » (McDaniel)(4’46)
  4. « Bo Put the Rock in Rock & Roll » (McDaniel/Smith)(4’22)
  5. « My Ding-A-Ling » (Berry)(3’19)
  6. « Destination » (Bailiff)(3’45)
  7. « Who Do You Love » (McDaniel)(5’47)
  8. « Gunslinger » (McDaniel)(4’29)
  9. « Hey ! Bo Diddley » (McDaniel)(7’29)
  10. « Rock & Roll Music » (Berry)(5’57)

Les interprètes :

  • Bo Diddley : Guitare & Chant
  • Ron Wood (Birds, Jeff Beck, Faces, Rolling Stones) : Guitare
  • John Hammond Jr : Guitare
  • Carl Wilson (Beach Boys) : Guitare
  • Carmine Grillo (Tower of Power) : Guitare
  • Chuck Berry : Guitare & Chant (5, 6, 10)
  • John Mayall : Harmonica & Claviers
  • Bill Champlin (Sons of Champlin, Chicago) : Claviers
  • John Lodge (Moody Blues) : Basse
  • Phil Chen : Basse
  • Rudy Sarzo (Ozzy Osbourne, Quiet Riot, Whitesnake) : Basse
  • Mick Fleetwood (Fleetwood Mac) : Batterie
  • Mitch Mitchell (Jimi Hendrix) : Batterie
  • Kenny Jones (Small Faces, Faces, Who) : Batterie
  • Carmine Appice (Vanilla Fudge, Cactus, Beck/Bogert/Appice) : Batterie
  • Bobby Keys : Saxophone
  • Phil Kenzie : Saxophone
  • Mike Chikowitz : Trompette
  • Jimmy Zavala : Saxophone & Harmonica
  • Lee Thornberg : Trompette & Trombone
  • Chuck Negron (Three Dogs Night) : Vocals
  • Ronnie Lane (Small Faces, Faces, Ronnie Lane’s Slim Chance) : Vocals
  • Barbara Paige : Chœurs
  • Aniijia Shockley : Chœurs

Pays: US
Blues Boulevard Records 250276
Sortie: 2010/09/03

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