MAN-EATING TREE (The) – Vine
Lorsqu’après 16 ans d’existence et autant d’albums splitta Sentenced, le groupe death metal de Vesa Ranta, ce dernier, aujourd’hui batteur de The Man-Eating Tree, entra dans une période plus ou moins dépressive durant laquelle il ne joua ni ne composa de musique, pas plus qu’il n’en écouta d’ailleurs, aucune envie et aucune inspiration d’ordre musical ne l’animant plus. En 2009, un de ses amis lui conseilla de jeter une oreille sur Opeth, groupe qu’il ne connaissait que de nom et qu’il n‘avait jamais écouté. Ranta acheta alors « Delivrance » et « Damnation ». Immédiatement lui revint l’envie et l’inspiration musicale et en 2009 se concrétisa, avec l’aide de quelques amis, son nouveau groupe The Man-Eating Tree (c’est le nom du plus gros arbre carnivore au monde), qui réalise ici son premier album.
Le guitariste Janne Markus, aussi membre de Poisonblack, a écrit la plupart des compositions (avec une partie contributive de Aaron Rantonen, guitariste ayant entre-temps quitté le groupe), tandis que le chanteur Tuomas Tuominen s’est acquitté de la majorité des textes. The Man-Eating Tree propose un gothic metal atmosphérique de qualité, avec des mélodies accrocheuses, une production puissante et sans failles, des musiciens confirmés.
Mélancolie et puissance sont ici bien sûr au rendez-vous d’une musique dont l’architecture se fonde autour de riffs trempés dans l’acier alternant ou juxtaposant des moments plus calmes et délicats, qu’illustre très bien le piano joué par la seule jeune femme du groupe, Heidi Määttä, qui y apporte cette touche de finesse dès le 1er titre, lequel s’articule autour de couplets calmes et de refrains tout en force avant de terminer sur une combinaison piano guitare réussie. La voix de Tuominen est forte, claire et précise et son chant convainc tout de suite, avec classe et feeling, servant des mélodies efficaces, comme le démontre « The white plateau ». Quant à « The longitude of sleep », il séduit par son rythme subtilement chaloupé sur une ligne mélodique toujours sans appel, « Of birth for passing » suit dans une même ambiance calme mais pleine de beauté mélancolique, ponctué au final par un solo de guitare de très bon aloi.
« King of July » et « Out of wind » visitent des rythmes plus enlevés, le début de « Tide Shift » fait penser à Metallica, surtout à cause du chant de Tuominen, quelque part ici assez proche de la façon de chanter de James Hetfield dans les titres les plus posés de son groupe. « Instead of sand and stone » bénéficie d’un air presque évident, imparable et constitue un des meilleurs moments de l’album, tout comme « Amended », dans lequel on peut déceler une urgence jusque-là trop discrète.
À noter la reprise du classique des Moody Blues, « Nights in white satin », très réussie et qui démontre encore une fois tout le talent vocal de Tuominen, dans une version qui n’a rien à envier à l’originale, certes plus puissante, mais relativement fidèle à celle des Moody Blues – ce que l’on pourrait reprocher au groupe, on aurait aimé une relecture plus personnelle.
Au final, le band de Ranta nous propose un très bon album de métal gothique atmosphérique, très bien mis en place, excellemment produit, superbement chanté et instrumentalement exécuté avec brio, construit sur des compositions consistantes, mais dont la progression apparaît trop linéaire sur la longueur. Alors même que chaque titre se défend sans problème et avec tous les honneurs dus au groupe, subsiste à la fin de l’album une impression de linéarité, due probablement à un formatage trop identique dans la construction des morceaux. Plus de relief aurait été bienvenu et aurait capté l’attention sans qu’elle ne baisse par la suite.
Cela dit, « Vine » s’affiche comme un album intéressant et d’un très bon niveau, prometteur pour la suite pour autant que The Man-Eating Tree étoffe son propos et enrichisse son spectre musical.
Un album dans lequel il fait bon y passer et écouter 3 ou 4 titres pour les goûter pleinement, et y revenir plus tard pour pratiquer de même avec d’autres extraits. Un disque à picorer de temps en temps donc, à grignoter. À l’inverse de l’arbre carnivore qui peut dévorer un homme ou un animal entier.
Musiciens :
- Tuomas Tuominen – chant
- Janne Markus – guitares
- Mikko Uusimaa – basse
- Heidi Määttä – Claviers
- Vesa Ranta – Batterie
Liste des morceaux :
- Lathing a new man 5:22
- The white plateau 4:27
- This longitude of sleep 5:23
- King of July 3:49
- Of birth for passing 6:28
- Out of the wind 3:52
- Nights in white satin 5:14
- Tide shift 5:14
- Instead of sand and stone 5:14
- Amended 5:14
Pays: FI
Century Media
Sortie: 2010/09/27