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LAUPER, Cyndi – Memphis blues

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Lorsque j’ai reçu le dernier album de Cyndi Lauper à chroniquer, je me suis demandé si notre rédacteur en chef n’avait pas oublié mes goûts musicaux. J’ai toujours détesté Cyndi Lauper, qui représentait pour moi toute la mièvrerie des années 80 et la lie de la musique rock, avec Culture Club, Spandau Ballet et autres Frankie Goes To Hollywood. Les plus jeunes n’ont pas connu ces temps maudits où le rock semblait entré dans une léthargie inquiétante après l’explosion du mouvement punk et les espoirs qu’il représentait.

Mais j’étais loin d’imaginer que Cyndi Lauper pouvait jouer les caméléons surprises en se mettant au blues, comme le montre son dernier album « Memphis Blues ». En fait, l’évolution de la carrière de cette chanteuse née en 1953 à New York s’est faite dans le long terme. Cyndi Lauper a tellement été marquée par son énorme succès en 1983 avec cette chanson pimbêche « Girls just want to have fun » que tout le monde la donnait comme une starlette pop délurée, plus à l’aise sur les dance floors que dans un cercle littéraire. Pourtant, près de trente ans après ses débuts fracassants, Cyndi Lauper est toujours là, dans le show-business, avec un projet musical qui a bien mûri.

Quelle plus belle évolution en effet que de passer de la pop pour jeune écervelée au blues et qui plus est au blues de Memphis ? On est ici dans une catégorie de blues qui a été popularisé par des artistes comme Memphis Minnie, Big Mama Thornton, Sleepy John Estes, Howlin’ Wolf ou le grand B.B. King. Celui-ci est d’ailleurs présent sur le disque de Cyndi Lauper, qui en est également la productrice, aux côtés de Scott Bomar. B.B. King joue sur le titre « Early in the morning », également accompagné d’Allen Toussaint, autre grosse pointure du blues que l’on ne présente plus. Cyndi Lauper a également embauché d’autres invités prestigieux sur son album, toutes générations confondues : l’harmoniciste Charlie Musselwhite, la chanteuse soul Ann Peebles et le jeune prodige de la guitare Jonny Lang. À la batterie, on trouve aussi Steve Potts, connu pour sa collaboration dans Booker T. & The M.G.’s.

Cyndi Lauper a enregistré son album à l’Electrophonic Studio de Memphis et est allée puiser dans l’incommensurable répertoire classique blues quelques reprises du meilleur cru. Citons entre autres « Shattered dreams » de Lowell Fulsom, « Down don’t bother me » d’Albert King, « Rolling and tumbling » de Muddy Waters ou l’impérissable « Crossroads » de Robert Johnson (joué ici dans une version lente et poisseuse). En matière de blues classique, cet album est du sur mesure. Il ne manque pas un bouton de guêtre à ce « Memphis blues » qui peut prétendre à l’authenticité des classiques et qui révèle la voix sableuse de Cyndi Lauper, parfaitement adaptée au blues. Il fallait donc reconnaître que Cyndi Lauper a bien cette capacité de se transformer et d’explorer de nouveaux horizons musicaux. Comme quoi, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Pays: US
Naïve Records
Sortie: 2010/09/27

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