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KINGS OF FROG ISLAND (The) – 3

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Les Kings of Frog Island nous viennent de Grande-Bretagne et usinent depuis quelques années un stoner rock psychédélique qui avait fait quelques bonnes promesses avec leurs deux premiers albums éponymes sortis en 2005 et 2008. Aujourd’hui, Mat Bethancourt (guitare et chant), Mark Buteaux (guitares), Dodge Watson (batterie, percussions), Gavin Searle (chant) et Lee Madel-Toner (basse) proposent un troisième album qui, comme les précédents, sort sur le label allemand Elektrohasch. Ce troisième disque est la conclusion d’une trilogie écrite par le groupe. Espérons toutefois qu’il y aura d’autres albums, car les Kings Of Frog Island sont plutôt doués.

L’album démarre par une curieuse litanie mortuaire où une liste de noms est prononcée sur fond de son de cloches funéraires. Le titre s’appelle « In memoriam », on aurait deviné. Les riffs stoner arrivent dès le deuxième morceau, avec un « Glebe Street whores » bien épais. On sent déjà les fumées psychédéliques qui se répandent dans l’esprit, impression confirmée par un « Bride of suicide » bien lourd et hypnotique joué en rythme rapide. « Dark on you » déroule une lente plainte délicate avec un chant cassé. Écoutez ça un jour de pluie et vous fondrez en larmes, surtout quand la guitare vient placer un solo bluesy et triste comme les murs d’une usine en faillite.

Avec « The keeper of… », on s’attaque à du gros, avec une introduction minimaliste, presque drone, qui sert de prélude à un gros dérapage cosmique à la Hawkwind, une montée régulière vers des cieux plombés, environnée de chants et de murmures obscurs. Avec la nouvelle ballade « More than I should know », les Kings Of Frog Island démontrent qu’ils n’ont pas peur des ambiances méditatives et expérimentales. Leur audace et leur variété fait un peu penser au mythique groupe The Heads, encore une merveille anglaise à redécouvrir.

On poursuit dans l’incantation et dans la transe psychédélique avec « Ode to Baby Jane », plus de sept minutes de stoner robotique laissant filer une guitare insidieuse et aérienne. « I ain’t sorry » est plus structuré et sonne comme un mélange improbable entre les Queens Of The Stone Age et les Eels, avec électricité roborative et ambiance cool. « A cruel wind blows » associe folk et lourdes poussées sabbathiennes, sonnant comme une parfaite synthèse de la musique underground dans l’Angleterre des années 70 et démontrant que les gens de Kings Of Frog Island sont de fins lettrés en la matière.

Le court « Gallowtree gate » et son vague bruit de guillotine à la fin constitue l’étrange final de cet album plus qu’intéressant qui emmène l’auditeur dans des phases parfois déroutantes et dispose d’une véritable âme, d’une cohérence malgré la diversité de ses ambiances et de ses rythmes. Les Anglais restent décidément les maîtres d’un stoner habité par les fantômes des années 70.

Il est recommandé d’apprécier les Kings Of Frog Island dans la perspective de leurs trois albums qui constituent une trilogie et expriment la vision du groupe dans son entièreté. Les responsables du label Elektrohasch reconnaissent eux-mêmes que les deux premiers albums deviennent difficiles à trouver. Mais comme ceux-ci ont été publiés par Elektrohasch, rien n’empêche cette sympathique maison de procéder à des repressages afin que nous puissions tous profiter de la fabuleuse musique des Kings Of Frog Island.

Pays: GB
Elektrohasch 143
Sortie: 2010/09/17

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