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WIGWAM – Fairyport

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Après avoir publié les rééditions de « Nuclear Nightclub«  et de « The Lucky Golden Stripes And Starpose« , ainsi que des second et troisième albums de Pekka Pohjola, Esoteric Recordings s’intéresse à la première époque de Wigwam, l’époque Jazz-Rock. Je dois bien dire qu’après avoir particulièrement aimé « B The Magpie« , et apprécié les deux Wigwam cités plus haut, m’étant renseigné sur la discographie de ce groupe finlandais dont j’ignorais tout il y a encore quelques mois, je me réjouissais, m’attendant à un chef-d’œuvre. Mais nous verrons cela plus loin (enfin, je vous livrerai ma modeste opinion).

« Fairyport » est le troisième album de Wigwam, sorti en 1971 sous forme d’un double LP. Le groupe est alors constitué de Jukka Gustavson (chant, orgue, piano acoustique et électrique), Jim Pembroke (l’anglais de la troupe, principal chanteur, harmonica, piano), Pekka Pohjola (basse, violons, piano, clavecin et j’en passe), et Ronnie Osterberg (batterie et percussions). Jukka Tolonen vient jouer de la guitare sur plusieurs titres, et le groupe s’offre les services d’un joueur de basson, de hautbois, de deux clarinettistes et d’un saxophoniste. A l’écoute, une évidence frappe immédiatement : si Supersister est à considérer comme l’antenne néerlandaise de l’école de Canterbury, Wigwam en est la finlandaise.

De fait, l’œuvre dont il est question dans ces quelques lignes débute sur un très Camel « Losing Hold », swing à souhait, orgue Hammond en avant, fantastique section rythmique, du Canterbury pure souche (nous sommes en 1971, ces gars sont juste dans leur temps). Le band enchaîne sur une splendide ballade guitare et piano classiques : « Lost Without A Trace » une merveille méritant de figurer au Panthéon de la musique du vingtième siècle. Vient la plage titulaire : départ rappelant certaines ambiances de Genesis, « Can-Utility And The Coastliners » en particulier, suivi d’une plage de pur jazz enchaînant sur du blues pour revenir au thème principal. Vient ensuite ce que je qualifierai de ventre mou de l’album, ce qui représentait la deuxième face du double LP. Face calme avec un phrasé déclamatoire de Jim, avec des accents aigus qui ne sont pas sans rappeler Gentle Giant, le tout entrecoupé de passages jazz, toujours de haut niveau. Je ne vous cache pas qu’à la première écoute, j’étais un peu déçu, à la première j’entends ! Cette partie se termine sur un mystique « May Your Will Be Done Dear Lord », une prière sur laquelle la déclamation s’impose, bien que Jim nous offre par instants des petites touches à la Joe Jackson (avant l’heure). Pour clore cette « seconde face » le rythme s’accélère, le rock est de retour avec « How To Make It Big In Hospital ».

La troisième face débutait sur deux instrumentaux, « Hot Mice » allusion me semble-t-il évidente au chef d’œuvre de Frank Zappa sorti deux ans auparavant « Hot Rats » et en particulier sa plage d’ouverture « Peaches And Regalia », une valse légère à l’italienne ensuite écrite par Pekka « PK’s Supermarket ». Intermède tout en fraîcheur, très agréable. S’ensuit un titre lent très Gentle Giant, « One More Try », puis un morceau folk-rock, « Rockin Ol’ Galway », puis une nouvelle superbe ballade, « Every Fold ». La quatrième face comprenait une seule plage, instrumentale, le délire zappaesque  » Rave-up For The Roadies », excellent jazz-rock.

Il faut plusieurs écoutes pour vraiment assimiler Fairyport , en particulier le « ventre mou » cité et qui en fait est tout sauf mou. Le groupe nous promène avec le même bonheur dans une multitude de genres musicaux, à la manière du « White Album » des Beatles (sans vouloir me livrer à une comparaison hasardeuse). Les musiciens changent souvent plusieurs fois de styles et de rythme au sein du même titre. La prouesse technique est remarquable, mais surtout la musique est extrêmement plaisante. Alors, chef d’œuvre absolu? Album d’île déserte ? Peut-être pas, mais un grand album en tout cas, qui se doit de figurer en bonne place dans la discothèque de tout amateur de jazz-rock ou de rock progressif.

Pays: FI
Esoteric Recordings ECLEC 2182
Sortie: 2010/02/22 (réédition, original 1971)

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