HIGH TIDE – Sea Shanties
High Tide, une bande de rescapés de trips insondables au LSD et des méga-concerts gratuits dans la banlieue de Londres avec Hawkwind et d’autres malades de ce genre, commet deux albums stratosphériques : « Sea Shanties » (1969) et « High Tide » (1970). Le style parle de lui-même : du super gros progressif qui tâche avec une guitare bourdonnante et des solos de violons acides soutenus par une rythmique cotant 9 sur l’échelle de Richter. Bien évidemment, ces efforts demeureront sans suite et laisseront High Tide dans le domaine du mythe.
L’affaire commence en 1969, quand Tony Hill quitte les Misunderstood, un combo américain installé en Angleterre à la recherche d’un succès qui ne viendra jamais. Avec Simon House (violon et claviers, futur Hawkwind, futur David Bowie, un passage dans le Third Ear Band), Peter Pavli (basse, futur Hawkwind également) et Roger Hadden (batterie), il monte High Tide et signe sur le label Liberty qui va leur permettre de sortir deux albums qui connaîtront (relativement) plus de succès en Europe continentale qu’en Grande-Bretagne.
« Sea shanties » est enregistré aux Olympic Studios en juin et juillet 1969, sous la production de Denver Gerrard. Il comprend six titres de heavy rock progressif/psychédélique outré, dégoulinant de solos de guitare sophistiqués qui s’étendent sur de longues durées (rien n’est à moins de cinq minutes et « Death warmed up » et « Missing out » approchent les dix minutes). Le riff gras règne sur « Futilist’s lament » ou « Death warmed up ». « Pushed, but not forgotten » associe mélodies douces et sorties électriques brutales, tout comme « Walking down their outlook », idéal pour un sit-in entre hippies autour d’un bon shilom de libanais. Le violon, très présent sur chacun des morceaux, est particulièrement massif dans « Missing out », où il dispute la suprématie à la guitare. Les exercices roboratifs à la six-cordes et les attaques de violon se prolongent sur « Nowhere », qui termine l’album comme il a été commencé.
Ce premier album mythique de High Tide a connu différentes rééditions en CD depuis quelques années mais la réédition d’Esoteric Recordings fait mieux les choses puisque cinq titres bonus sont ajoutés. Ici aussi, ce sont de longs morceaux avec la guitare bouillonnante de fuzz strident et le violon vénéneux qui se faufile partout. On retrouve « Death warmed up » et « Pushed, but not forgotten » dans des versions alternatives et ce sont les 11 minutes de « The great universal protection racket » qui raflent la mise, avec du progressif lourd et complexe capable de filer la frousse.
Cet album se doit de figurer dans toutes les bonnes discothèques d’amateur de psychédélisme spatial à la Hawkwind et de progressif anglais autrement plus violent que Genesis.
Pays: GB
Esoteric ECLEC 2204
Sortie: 2010/06/28 (réédition, original 1969/10)