NORUM, John – Play yard blues

Revoici John Norum, célèbre guitariste du groupe suédois Europe, dont tout le monde a encore en tête le refrain de « The final countdown », le hit hard FM de 1986. Il serait réducteur de ramener John Norum à un simple aligneur de solos échevelés pour blonds peroxydés habillés en Spandex et portant un tee-shirt White Lion sur le dos. John Norum a en effet développé parallèlement à sa carrière dans Europe (dans les années 80 puis à partir de 2006, avec le come-back du groupe) une discographie solo sur laquelle il convient de se pencher.

On a l’habitude de dire que les albums solos parallèles d’un musicien évoluant dans un groupe sont tout ce que ce musicien ne peut exprimer dans ce groupe. Ceci est particulièrement vrai pour John Norum qui, en sept albums solos de 1987 à aujourd’hui, développe sa conception des choses et enchante nos oreilles avec un talent inhumain à la guitare. L’homme fait en effet partie de ces guitar-heroes qui ont fait vibrer les années 80, les Michael Schenker, Adrian Vandenberg, Doug Aldrich, Yngwie Malmsteen, Gary Moore et autres et les albums de John Norum sont de formidables moments pour qui aime la guitare reine dans le hard rock.

Il y a toujours de bonnes surprises dans les albums de John Norum mais l’homme s’était particulièrement appliqué sur « Slipped into tomorrow » (1999) et « Optimus«  (2005) qui montraient une évolution du hard FM vers un hard rock moins fantasque et plus rugueux. En livrant un album tous les cinq ans, John Norum a l’occasion de nous montrer le cours de son cheminement musical. Avec « Play yard blues », on le trouve encore mûri, toujours aussi excellent et se reposant toujours sur les bases du hard rock classique de Rainbow, Whitesnake ou Thin Lizzy.

Thin Lizzy, en particulier, a toujours été une énorme influence sur John Norum qui ne manque jamais d’insérer une reprise du groupe de Phil Lynott dans ses albums. Il l’a fait presque à chaque fois et le cru 2010 de John Norum ne faillit pas à la tradition puisque c’est un formidable « It’s only money » qui figure sur ce disque. Mais le beau John ne s’arrête pas là dans l’hommage puisqu’il reprend aussi « Ditch queen » de Frank Marino et « Travel in the dark » de Mountain. C’est une superbe occasion de se souvenir de ces musiciens fabuleux que sont Frank Marino et Leslie West, guitariste colossal de Mountain. Les versions de ces morceaux sont tout simplement à tomber et sont la preuve que le hard rock des années 70 était vraiment la meilleure musique du monde.

Mais il ne faudrait pas s’arrêter seulement sur les reprises, car les titres originaux écrits par John Norum sont également de petites bombes. « Let it shine » démarre l’album dans la grandeur, « Red light green light » poursuit sur la lancée sur un mode savoureusement rythmé, « Got my eyes on you » sort les flingues et sonne comme du Rainbow époque Joe Lynn Turner au chant, « Over and done » recouvre tout d’une chape de plomb avec cette fois un chant rappelant David Coverdale. Le final se fait à tout casser avec un « Born again » hyperrapide digne du Black Sabbath des années 90 et « Play yard blues », un blues instrumental rédempteur qui montre que John Norum a décidément plus d’une corde à son arc.

L’album est dédié à Michelle Meldrum Norum, l’épouse de John Norum décédée en 2008. En voyant la couverture de l’album, avec John Norum jouant de la guitare avec son fils de cinq ans, on ne peut qu’avoir une pensée pour la défunte maman.

Pays: SE
Mascot Records M 7237 2
Sortie: 2010/05/27