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SOFT MACHINE – Bundles

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Une idée bien établie dans les esprits consiste à dire que Soft Machine après le départ du batteur Robert Wyatt n’était plus que l’ombre de lui-même. Il suffit d’écouter l’album « Bundles » de 1975 pour immédiatement se rendre compte que cette idée ne tient pas la route.

Mais revenons un peu en arrière avec ce célèbre groupe Soft Machine, qui fut l’un des fleurons du rock progressif anglais et sans doute le plus fameux groupe de la scène de Canterbury. Formé en 1966 par Robert Wyatt (batterie et chant), Mike Ratledge (claviers), Kevin Ayers (guitare) et Daevid Allen (guitare et chant), Soft Machine accède à la notoriété avec son jazz rock complexe et son progressif aventureux, à une époque où le rock passe de la chanson de trois minutes aux longues pérégrinations psychédéliques et aux expérimentations en tous genres. Rapidement, avec ses deux premiers albums et surtout le troisième « Third » en 1970, Soft Machine devient avec King Crimson, Caravan ou Van Der Graaf Generator un des champions d’un rock progressif aussi complexe que le système fédéral suisse. Mais toutes ces élaborations techniques rigoureuses n’empêchaient pas ces albums d’être formidablement intéressants.

Le personnel est très mouvant chez Soft Machine et il n’y a que le claviériste Mike Ratledge qui demeure l’élément stable durant les années 70. Le départ le plus important est celui de Robert Wyatt, qui quitte le groupe en 1971. C’est ensuite Hugh Hopper (bassiste de Soft Machine entre 1969 et 1973) qui quitte le groupe, si bien qu’en 1974, Mike Ratledge continue avec de tout nouveaux musiciens, dans un line-up que les fans considèrent comme n’ayant plus rien à voir avec celui de l’âge d’or rassemblé autour du trio Wyatt – Hopper – Ratledge.

Il y a donc des changements chez Soft Machine cette année-là. L’un d’entre eux, et non des moindres, est la fin de la coutume qui consistait à donner un simple numéro aux albums du groupe. Ainsi, après l’album « Seven » qui voit le départ de Hugh Hopper en 1973, Soft Machine enchaîne en 1975 avec « Bundles ». C’est également une petite révolution que de retrouver un guitariste sur un album de Soft Machine. Aucun guitariste n’était en effet apparu sur un album officiel. Ici, Mike Ratledge a fait appel à un jeune guitariste extrêmement doué, Allan Holdsworth. Celui-ci a fait ses débuts en 1969 avec son groupe Igginbottom, puis a également joué chez Tempest, le groupe de l’ex-batteur de Colosseum, Jon Hiseman. Sur « Bundles », on trouve aussi Roy Babbington à la basse (nouveau venu également) et Karl Jenkins (claviers et cuivres), qui viennent compléter le noyau formé par Mike Ratledge et le batteur John Marshall (qui avait remplacé en 1972 Phil Howard, lui-même remplaçant de Robert Wyatt).

Avec l’arrivée d’un guitariste, « Bundles » est à Soft Machine ce que « Bringing it all back home » a été à Bob Dylan (qui passait alors de l’acoustique à l’électrique, au risque de décevoir ses fans). Il faut dire que le travail de guitare d’Allan Holdsworth est tout à fait captivant, celui-ci se révélant un as du solo rapide et un formidable entraîneur rythmique. La pièce de résistance est d’entrée de jeu la première partie de « Hazard profile », qui s’étend sur plus de neuf minutes, les quatre autres parties de ce morceau étant des pièces beaucoup plus courtes. « Gone sailing » marque une petite transition à la guitare avant le titre « Bundles », de facture bien jazz-rock et ne faisant qu’un avec « Land of the bag snake » qui le suit. « Peff » est du même genre et l’album se termine par un lent et doux cheminement à la flûte et aux claviers et dont le titre ne pouvait être que « The floating world ».

Il n’y a aucune raison de mettre « Bundles » à l’écart dans la discographie de Soft Machine car cet album est excellent. Moins aventureux, certes, mais très bon tout de même. C’est le dernier véritable album du grand Soft Machine car Mike Ratledge quitte en 1976 le groupe qu’il avait contribué à fonder. A partir de ce moment, Soft Machine devient un des rares cas de groupes évoluant sans aucun membre d’origine, pour encore deux albums studio et un live durant la fin des années 70 et le début des années 80.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2196
Sortie: 2010/05/24 (réédition, original 1975)

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