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SCHICKE, FÜHRS & FRÖHLING – Ticket to everywhere

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Le label Reactive, nouvelle sous-marque d’Esoteric Recordings spécialisée dans le rock progressif allemand vintage, réédite les œuvres complètes de Schicke, Führs & Fröhling. C’est qui, eux ? Ce trio, qu’on va appeler SFF pour faire plus simple, est une des dernières manifestations du krautrock des années 70, dans ce qu’il avait de plus symphonique.

Le krautrock, ou rock progressif allemand, a connu de nombreux visages au cours des années 70 : psychédélique (Can, Guru Guru), progressif (Out Of Focus, Vinegar), électronique (Kraftwerk, Neu), ethnique (Gila, Agitation Free), politique (Floh De Cologne), hard (Gift, Dies Irae), heavy (2066 And Then, My Solid Ground), jazzy (Xhol, Embryo), spatial (Grobschnitt, Brainticket) et également donc symphonique (Minotaurus, Wallenstein ou ce SFF qui nous intéresse aujourd’hui).

Le rock allemand, c’est aussi un label qui résume tout, la mythique maison Brain, qui a abrité à peu près tout ce que l’Allemagne a produit de groupes rock, toutes tendances confondues. Même les célébrissimes Scorpions ont débuté sur ce label, avec leur premier album qui était à l’époque un excellent moment de rock progressif lourd. SFF sort ses trois albums chez Brain mais il arrive à une époque où les choses sont en train de changer radicalement.

Les musiciens de SFF interviennent en effet entre 1976 et 1978, avec trois albums « Symphonic pictures » (1976), « Sunburst » (1977) et « Ticket to everywhere » (1979), sorti après la dissolution du trio en 1978, Führs et Fröhling continuant en duo jusqu’en 1981. Or, à la fin des années 70, le punk est passé par là. Le progressif a été dévissé de son piédestal après la tornade punk mais il y a encore quelques tâcherons qui sortent de dessous la table et reprennent leur petite musique comme si rien ne s’était passé. Sauf que quelque chose s’est bien passé et que les recettes progressives symphoniques bien produites par des ingénieurs du son maniaques et des musiciens ressemblant plus à des astrophysiciens qu’à des rockers ne prennent plus. Le ressort est cassé et le troisième album de SFF « Ticket to everywhere » est bien symptomatique de la situation à la fin des années 70 : les dinosaures du prog doivent passer la main.

Je n’ai pas eu l’occasion de les écouter, mais apparemment les deux premiers albums « Symphonic pictures » et « Sunburst » sont beaucoup plus intéressants et originaux que ce « Ticket to everywhere » qui semble au contraire ne mener nulle part. On est en effet ici entre jazz rock et new wave, mais aussi pas loin de la musique d’ascenseur, car il faut malheureusement reconnaître que ce type de musique a plutôt mal vieilli. Y a-t-il en effet des moins de 26 ans qui connaissent Jean-Michel Jarre ? Le trio allemand livre ici un album tout instrumental sauf si l’on excepte quelques voix diaphanes sur « Here and now ». Les synthétiseurs sont rois et imposent leur loi, entre nappes d’orgues chatoyantes et solos alambiqués. Ça se réveille un peu avec « Ticket to everywhere », qui intègre une rythmique un peu funk et une guitare plus présente. Mais l’ensemble reste assez monotone, surtout sur un titre comme « Slow motion ».

Cet album reste surtout intéressant comme témoignage historique de la mutation du rock progressif à la fin des années 70, en recherche d’une évolution qui n’interviendra pas dans l’immédiat mais plutôt dans les années 90.

Pays: DE
Reactive EREACD1004
Sortie: 2010/05/24 (réédition, original 1979)

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