DANTE – Saturnine
Le groupe allemand Dante nous met une véritable claque de prog métal avec son 2e album, « Saturnine ». Fondé en 2006 par le claviériste Markus Maichel et le guitariste Markus Berger, Dante s’adjoint le chanteur Alexander Göhs, une de leur connaissance proche, et le batteur Christian Eichlinger. En 2008, le bassiste Michael Neumeier complète le line-up actuel de Dante.
Avec « Saturnine », Dante réalise un album marquant de prog métal qui avance beaucoup de qualités pour séduire une large audience, qu’elle soit métal et/ou prog. On ressent immédiatement chez tous les membres du groupe une forte maturité musicale, qui les place d’emblée au dessus du peloton relativement fourni des groupes de prog métal. Les 7 titres et 62 minutes de bonheur se déclinent dans une alchimie vraiment très réussie entre le métal et le prog. Fortement influencés par les référents majeurs et perpétuels du progressif que sont Pink Floyd, Emerson Lake & Palmer, Genesis période Gabriel ou Yes et ceux, tout aussi majeurs mais plus récents, du métal qui ont pour nom Dream Theater, Porcupine Tree, Spock’s Beard et Metallica, Dante ingère tous ces ascendants musicaux et les transforme en un prog métal qui ne les copie jamais, faisant preuve d’une réelle personnalité. Les morceaux sont mélodiques et variés, empreints de symphonisme discret et subtil, toujours construits autour de rythmes puissants et de riffs solides.
« Saturnine » propose en fait 2 longs titres plus prog mais assez nerveux, 2 ballades, 2 autres très puissants et un instrumental.
Les 2 longs morceaux (12 et 19 minutes) encadrent « Saturnine » en ouverture et en fin de disque. « All my life » et « Vanessa » alternent les ambiances, jouent aussi sur des rythmes forts et groovy par moments, proposent des parties instrumentales pleines de classe, des progressions excitantes. Alexander Göhs y démontre tout de go qu’il est un excellent chanteur, dont le timbre rappelle parfois ici ses compatriotes de Versus X. Assurément deux grands moments de l’album, « Vanessa » offrant même une partie majestueuse très réussie.
Les 2 titres plus calmes, et aussi les plus courts, « Drifting » et « Maybe one day », placés stratégiquement pour offrir une respiration calme au milieu de l’énergie déployée ailleurs et structurés de façon plus uniforme que les autres, donnent du relief à l’ensemble. Si le premier bénéficie d’une orchestration de tous les instruments, le second s’articule autour du piano, épuré de tout sauf d’un violon et des voix, superbes de retenue et de justesse.
Les 2 tracks hard se suivent et se placent au centre de l’album, comme son point culminant arrivant après un crescendo formé par les 2 premiers titres et précédant les 3 derniers, plus variés. « Last » et « Never Return » sont lancés avec vigueur sur des riffs puissants et imparables, un rythme obsédant et des claviers se fondant dans le tout, développant un groove implacable. Ils s’affirment très vite comme étant les moments forts de « Saturnine », combinant le meilleur de Dream Theater, Metallica et Porcupine Tree, le tout épicé et mijoté à la sauce Dante, avec une force mélodique évidente.
« Model Acousma », seul instrumental de l’album, ne diminue en rien l’intensité et la densité qualitatives du disque, que du contraire, l’utilisation de l’orgue Hammond, ajoutant une couleur vintage diaphane. Soulignons le jeu de claviers diversifié de Markus Maichel, dont la richesse de jeu est toujours en phase avec les compositions, parfois en filigrane, toujours en subtilité. A contrario, le jeu de guitare de Markus Berger est résolument métal, avec un son puissant.
Impossible donc de résister à l’effet d’attraction exercé par « Saturnine », qui, une fois dans votre lecteur, cultive une emprise de tous les instants sur vos terminaisons sensorielles et émotionnelles, justifiée par le fait qu’aucune faiblesse n’y apparaît. Dante réalise ici un prog métal jouissif et de grande classe, qui n’a rien à envier à Dream Theater, et dont la maturité amplifie avec bonheur l’inspiration créatrice des compositeurs. Très bien enregistré, mixé et produit par la paire Maichel – Berger, cet album s’adresse aux amateurs de Dream Theater, de Symphony X, de Porcupine Tree, de Yes mais aussi aux fans éclectiques de Metallica et autres Megadeth.
Ne ratez pas ce joyau de métal progressif.
Musiciens :
- Alexander Göhs – chant
- Marjus Berger – guitare
- Markus Maichel – claviers, piano
- Dennis Neumeier – basse
- Christian Eichlinger – batterie
Liste des morceaux :
- All My Life 12:12
- Drifting 4:49
- Last 6:10
- Never Return 8:48
- Maybe One Day 3:55
- Modal Acousma 7:33
- Vanessa 19:00
Pays: DE
Progrock Records PRR760
Sortie: 2010/07/13