OSIRIS – Tales of the divers (live)

Osiris est vraisemblablement le seul groupe de rock progressif arabe, originaire du Royaume du Bahreïn. Les deux frères Al-Sadeqi et leurs acolytes ont réalisé dans les années 80 deux albums de progressif de bonne tenue et un troisième en 2008, « Visions from the past », et qui était en fait la suite de « Tales of the divers », un concept qui n’avait jamais vu le jour sur disque et qui est donc publié cette année, mais que le groupe jouait dans les années 80, exhumé ici live lors d’un concert donné à cette époque. L’album est dédié au bassiste Khalid Al Motawa, décédé depuis lors.

« Tales of the divers » a donc été composé par le groupe en tant que concept album, centré sur le thème des plongeurs du Bahreïn à la recherche des huîtres et de leurs perles, parfois au péril de leur vie, activité économique traditionnelle de ce pays avec la pêche et l’agriculture avant que l’industrie du pétrole ne débarque et ne s’impose telle qu’on la connaît aujourd’hui. Osiris booka deux jours au Gulf Hotel en 1985, lesquels furent assez rapidement sold out. Le concert du premier jour fut un tel succès que le groupe décida d’enregistrer le second concert, mais dut faire face à des contraintes techniques parce que peu de matériel était alors disponible, enregistra finalement sur un Fostex 8 pistes, alors même que les 6 musiciens jouaient plusieurs instruments et qu’un orchestre rythmique traditionnel arabe supportait le groupe. C’est ainsi que fut sacrifié l’enregistrement du public, que l’on peut entendre ici uniquement par le biais des micros des musiciens, ce qui handicape la dynamique live due à l’ambiance générée par l’accueil du public. Cela dit, les bandes originales ont été remixées et remastérisées digitalement et, malgré le fait qu’elles aient été en partie endommagées, le résultat est plus que satisfaisant et rend hommage à l’œuvre des frères Al-Sadeqi.

Bien entendu, nous sommes en mesure d’attendre d’Osiris qu’il intègre dans sa musique des influences traditionnelles, ce qu’il fait tout de go avec le premier titre de l’album « Set the sails », très marqué par une couleur folk locale et qui constitue aussi une très réussie entrée en la matière. Très vite, on reste scotché par la maîtrise musicale et l’appropriation des dimensions propres au rock progressif occidental par Osiris, qui insuffle à « The Deep », second morceau, une base rythmique qui rappelle dans détours le thème de « Tubular Bells » de Mike Oldfield. « Salute », intermède vocal et poème arabe, sert de pont et introduit « It is always hard to say goodbye », premier titre chanté, dans un album essentiellement instrumental, le chant intervenant à 2 reprises seulement, hormis les courts poèmes indigènes récités.

« The lull before the storm » est entièrement joué aux percussions, dans un style qui rappelle le solo de batterie de Iron Butterfly dans « In-a-gadda-da-vida ». Puis arrive « The storm », court instrumental plus énergique, traduisant assez bien l’ambiance de la tempête, avant que ne pointent des cieux plus cléments avec « The quiet horizon », splendide de beauté calme et épuré instrumentalement, dans lequel flûte, claviers et guitare se chevauchent et prennent respectivement chacun le relais. « Wait » instaure à nouveau un climat évocatif de son titre, confirmant la structure de « Tales of the divers » comme une suite de tableaux impressionnistes représentant toutes les scènes du thème abordé par l’album. Les morceaux suivants sont du même très bon niveau, notamment « Apprehension » qui présente une belle partie de guitare.

Au final, un très bon album de prog vintage seventies, qui plaira aux amateurs de Camel à cause des mélodies subtiles et prenantes. Les parties instrumentales occupent un espace important dans le disque, laissant découvrir une richesse musicale qui dépeint assez bien les différentes séquences du concept sur lequel se base l’album, que l’on écoute comme on visite une exposition thématique dans un musée, sans précipitation, en s’offrant le temps de prendre plaisir à la l’écoute de l’œuvre, et d’y revenir. Plongez à la découverte du dernier Osiris, une petite perle jaillie des fonds temporels.

Musiciens :

• Mohammed Al Sadeqi – guitare, claviers et backing vocals Nabil Al Sadeqi – batterie, percussions et backing vocals
• Howard Tiera – piano, claviers électroniques et backing vocals
• Abdul Razzak Arian – orgue et claviers électroniques
• Mohammed Shaffi – chant, flûte, claviers, guitare acoustique et solo électrique
• Khalid Al Motawa – basse, guitare acoustique, pédale basse et backing vocals

Liste des morceaux :

1. Set The Sails 5:58
2. The Deep 2:26
3. Salute – The Sea: My Enemy And My Friend 1:30
4. It Is Always Hard To Say Goodbye – It’s A Hard Life 6:48
5. The Lull Before The Storm 1:59
6. The Storm 1:43
7. The Quiet Horizon 3:44
8. We Wait 4:50
9. Homeward Bound Once Again 5:39
10. Waves 2:37
11. Apprehension 1:52
12. Home At Last 3:47

Pays: BH
Musea FGBG 4853
Sortie: 2010/05/04